Fin de la restauration du tombeau de Philippe Pot
 

13 novembre 2018
Le tombeau de Philippe Pot est l'un des plus spectaculaires et célèbres de la fin du Moyen Âge. Huit pleurants presque grandeur nature, drapés de noir et porteurs d'écus armoriés semblent marcher, portant la dalle où repose le corps du chevalier en prière, en armure et tunique héraldique. La restauration, qui vient de s’achever grâce au mécénat du fonds de dotation Terre de Cultures, a permis de mieux comprendre l’histoire de l’œuvre. Le tombeau s’offre de nouveau à la vue des visiteurs, splendide point d’orgue des salles de sculptures françaises du XVe siècle.

Pourquoi et comment restaurer le tombeau ?
Un quart de siècle après sa dernière restauration au moment des travaux du Grand Louvre la nécessité d'intervenir à nouveau sur le tombeau de Philippe Pot s'est imposée. Son état de conservation gardait en effet les traces de son histoire mouvementée : une dizaine de déménagements, un long séjour en plein air, plusieurs campagnes de restaurations et un moulage, avant son dernier remontage en 1993 qui a été l’occasion d’une nouvelle intervention. Le tombeau apparaissait comme encrassé et gardait des traces du produit de protection utilisé lors du dernier moulage. En raison des nombreuses interventions qu’il avait subies, son état de surface était chaotique.
La décision d'engager une restauration a été prise en 2015. Après une étude par un groupe de restaurateurs et des analyses approfondies par le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) en 2016-2017, une nouvelle intervention a été menée en 2018 pour améliorer sa présentation, sous la surveillance d’un comité scientifique.
L’étude de polychromie par le C2RMF a permis de reconstituer la polychromie originale et de constater que les restaurations du XIXe siècle, malgré leur importance, étaient restées généralement conformes à la disposition d’origine.
Le fonds de dotation Terre de Cultures s’engage généreusement pour rendre cette restauration possible. Terre de Cultures a notamment permis la restauration de la Bethsabée de Rembrandt ou du groupe des Chasseurs de Marly de Nicolas Coustou.

Du nettoyage à la retouche
La restauration a été menée en deux temps. Dans la première phase, après dépoussiérage, vérification et refixage ponctuel de la polychromie, le nettoyage a permis l’élimination des restes de l’alcool polyvinylique utilisé lors du moulage et la suppression des blanchiments de la couche superficielle comme des brillances locales. Le nettoyage a aussi retiré l’encrassement qui alourdissait les manteaux noirs comme les autres couleurs, notamment celles des blasons, et les retouches anciennes. Les zones de pierre à nu ont aussi été nettoyées.

Un bilan a été fait de cette première phase, et des analyses complémentaires ont été menées par le C2RMF, pour préciser certaines stratigraphies de couches picturales ainsi que la nature des mortiers de comblement, afin de préciser la chronologie de ces interventions. La ligne de la dalle a été restituée avec de nouveaux bouchages, puis est intervenue la retouche, en noir dans les manteaux, pour leur garder leur unité, d’une façon plus légère pour l’armure, le coussin, les blasons et l’habit héraldique ainsi que les carnations, afin de laisser les usures perceptibles sans perturber les formes.

A l’issue de la restauration, le dialogue entre les manteaux noirs et les autres couleurs, auparavant perdu dans l’encrassement général de l’œuvre, se trouve réactivé, et l’effet saisissant de ce monument exceptionnel n’en est que plus puissant.


Un monument funéraire unique
Le monument est une forme d’aboutissement du tombeau à pleurants –  ces figures qui évoquent la cérémonie des funérailles, où les participants laïcs étaient effectivement dotés de grands manteaux noirs – , combiné au type de sépulture formée par une dalle sur des supports, mais il est sans équivalent par la magistrale originalité de sa composition et sa puissance d’évocation.
Il est d'autant plus fascinant qu'il a été commandé – et peut-être imaginé – par Philippe Pot de son vivant, en 1480, pour prendre place dans une chapelle de la prestigieuse abbaye de Cîteaux près de Dijon. Philippe Pot (1428-1493), filleul du duc Philippe le Bon, joua un rôle éminent à la cour de Bourgogne avant de se rallier au roi de France Louis XI, qui le nomma grand sénéchal de Bourgogne. Il avait des intentions bien précises sur le souvenir qu’il entendait ainsi laisser de lui dans le contexte politique troublé de la fin du duché de Bourgogne, ce dont témoigne la longue inscription qui se déroule sur le bord de la dalle.
La hardiesse technique de cette dalle de pierre posée sur huit points étroits, le traitement pourtant assez fruste de la sculpture intriguent les historiens de l'art depuis sa redécouverte de la fin du XIXe siècle, et posent la question de son auteur. La restauration en 2018 et l'étude technique qui l'a précédée apportent des éclairages nouveaux sur le monument, même si l'énigme reste entière sur ce dernier point.


Etude préalable à la restauration
Amélie Méthivier, assistée de Nathalie Bruhière et Benoît Lafay

Centre de recherche et de restauration des musées de France
Isabelle Pallot-Frossard
Département restauration : Lorraine Mailho, Alexandra Gérard, Benoît Delcourte
Département recherche : Michel Menu, Anne-Solenn Le Ho, Yannick Vandenberghe, Nathalie Pingaud, Anne Maigret

Comité scientifique
Stéphanie Deschamps-Tan, Alexandra Gérard, Sophie Jugie, Lorraine Mailho, Robert Marcoux, Michaël Vottero

Restauration
Manon Joubert, Amélie Méthivier, Nathalie Bruhière, Hélène Dreyfus, Jeanne Cassier, Aline Raux, Morgane Poirier

Cette restauration bénéficie du mécénat du fonds de dotation Terre de Cultures.


 
 

AUDITORIUM DU LOUVRE

Vendredi 21 décembre à 12h30
Conférence « La restauration du tombeau de Philippe Pot »
par Sophie Jugie, musée du Louvre et Manon Joubert, conservatrice-restauratrice

Youtube

ÉDITIONS DU LOUVRE

Une petite monographie sur le tombeau, faisant le point des connaissances actuelles, est publiée aux Editions du Louvre à l’issue de la restauration.

Le Tombeau de Philippe Pot. Sophie Jugie,
Collection Solo Numéro 70
Coédition musée du Louvre Éditions / El Viso Éditions
9,70€
56 pages, 40 illustrations

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INFORMATIONS PRATIQUES

Horaires : Le musée du Louvre est ouvert tous les jours de 9h à 18h, sauf le mardi. Nocturne les mercredi et vendredi jusqu’à 22h.
Tarif unique d’entrée au musée : 15 €.
Plus d’informations : www.louvre.fr/en
Billets en ligne : www.ticketlouvre.fr 
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