Cette œuvre, qui appartient aux meilleures feuilles de l’artiste, se caractérise par son réalisme, son riche chromatisme, et livre une image pleine d'intelligence du célèbre ministre. Ni Philippe de Champaigne, ni Nicolas Mignard, ni Louis Lerambert, autres artistes appelés à portraiturer Mazarin, ne parvinrent à une telle psychologie. La feuille de Vouet est avec l'estampe de Robert Nanteuil sans doute l'image la plus fidèle à la réalité.
En 1627, Simon Vouet est nommé Premier peintre du roi par Louis XIII. L'artiste commence alors à dessiner une série de portraits intimistes des membres de la cour et de ses familiers. Certains furent exécutés en présence du souverain qui fut frappé par la ressemblance et la vie qui se dégageaient des feuilles rehaussées de pastel. Ainsi qu'en témoignait André Félibien dès le XVIIe siècle, le roi demanda à son peintre de lui enseigner cet art si délicat du portrait. Il écrivait : " Cette sorte de travail étant propre et assez prompte, Sa Majesté voulut que Vouet lui apprît à dessiner et à peindre de cette manière afin de pouvoir se divertir à faire les portraits de ses plus familiers courtisans. Le Roi s'y appliqua quelques temps et y réussit si bien qu'on en voit qu'il a faits, qui sont fort ressemblants." Le Louvre conserve en effet un portrait dessiné et rehaussé de pastel figurant le duc de Tresmes (inv.RF 54529, acquis en 2008) et qui fait montre d'une certaine psychologie.