Le musée du Louvre annonce les acquisitions de sept études de costumes par Daniel Rabel
pour des ballets dansés au Louvre par Louis XIII et d’une aquarelle figurant un projet d’élévation pour un opéra et une place Louis-XVI au Carrousel

Juin 2020
Le Louvre annonce deux acquisitions au titre de l’histoire du Louvre et conservées par le département des Arts graphiques :
-Sept études de costumes pour des ballets dansés au Louvre par Louis XIII en février 1625 et 1626 d’une grande qualité d’exécution par Daniel Rabel, dessinateur des ballets du roi. Ces dessins aquarellés, études préparatoires aux costumes définitifs pour certains conservés dans l’album Rabel du musée du Louvre, ont été négociés (15 000 €) à l’issue de la vente Christie’s du 27 mai 2020.
-Et une aquarelle figurant un projet d’élévation pour un opéra et une place Louis-XVI au Carrousel en 1784. Elle a été acquise en vente publique par préemption (prix au marteau : 6 900 €), chez Azur Enchères à Cannes le 24 juin 2020.
 
 
Sept études de costumes par Daniel Rabel pour des ballets dansés par Louis XIII au Louvre en 1625 et 1626
 
Depuis le second xvie siècle et le déploiement de la cour au Louvre sous Henri III, le ballet est devenu un rituel curial et un instrument de gouvernement qui se poursuit sous le règne d’Henri IV et de Louis XIII. Les ballets mêlent musique, danse, poésie, décors et jeux scéniques et sont dansés dans la grande salle du Louvre ou dans celle de l’hôtel du Petit-Bourbon, le plus souvent pour les carnavals. D’essence baroque, ces divertissements aux tons variés oscillent entre le tragique et le comique, le grivois et le merveilleux, le genre noble et la manière burlesque. Sous le règne de Louis XIII, les ballets-mascarades se caractérisent par leurs successions d’entrées, où décors, machines et défilés symboliques. 
 
Musicien et compositeur à ses heures, Louis XIII organise de nombreux ballets et y participe lui-même régulièrement. Parmi eux les ballets burlesques des Fées des forêts de Saint-Germain et de La Douairière de Bilbao sont dansés au Louvre pour les mardis gras de 1625 et 1626. Ces deux ballets, auxquels correspondent cinq des sept dessins acquis par le Louvre ont été commandés par le duc de Nemours et voient le roi danser. L’un des feuillets représente un costume de guitariste espagnol porté par Louis XIII en 1626. Outre les danseurs, baladins et comédiens professionnels, le roi et les principaux membres de sa Maison et de la cour exécutent les différentes entrées. 
Si les dessins de costumes et masques de ballet sont rares, ceux comportant des annotations manuscrites destinées aux tailleurs ou attribuant les costumes et masques aux membres de la cour le sont encore plus. C’est le cas avec les dessins achetés par le Louvre et dus à Daniel Rabel. (1578-1637). Dessinateur et graveur formé auprès de la seconde école de Fontainebleau, Daniel Rabel devient « dessinateur des ballets du roi » après avoir été au service du duc de Nevers. Ses esquisses préparatoires présentent ici de nombreuses variantes d’orientation ou de coloris avec les versions définitives conservées dans l’album Rabel du musée du Louvre. Son œuvre utilise un savoir-faire iconographique et iconologique emblématiques. Culture populaire et culture de cour se répondent pour susciter par contraste les effets comiques avec une importance donnée à la déformation des corps, à la fantaisie, à l’exotisme voire à l’animalier.
 
L’acquisition de ces dessins préparatoires participe à la connaissance des ballets comme divertissement de cour à visée artistique et enrichit les collections du musée sur la vie de cour au Louvre sous les premiers Bourbons.
 
 
Un projet d’élévation pour un opéra et une place Louis-XVI au Carrousel
 
À la suite de l’incendie de l’opéra du Palais-Royal en 1781, le comte d’Angiviller, directeur général des Bâtiments du Roi, propose à Louis XVI l’édification d’un nouvel opéra à l’est du pavillon de Marsan, en liaison directe avec les Tuileries. 
Plusieurs projets optent pour une nouvelle composition architecturale de l’espace compris entre le Louvre et les Tuileries, ouvrant ainsi un nouveau chapitre du « grand dessein » au xviiie siècle. Aux côtés de projets bien connus, quelques-uns sont restés anonymes. L’aquarelle acquise par le Louvre en fait partie et semble se rapporter à un plan et à son rapport de juin 1784 conservés aux Archives nationales. À partir d’un point de vue au centre de la cour royale des Tuileries, l’aquarelle représente la façade des bâtiments projetés : la Bibliothèque du Roi, l’opéra, une galerie de la Reine, des logements pour la Grande et la Petite Écurie. Côté Seine, six travées de la Grande Galerie, « musée ou galerie des Tableaux », sont visibles.
Les façades, à l’ordonnancement classique, sont marquées d’un ordre colossal. Une puissante corniche commune à l’ensemble des élévations accentue l’unicité architecturale. Le rythme des toitures souligne la force architecturale de l’hémicycle de l’opéra, dont l’émergence est encore renforcée par les statues sommitales et en niche qui l’ornent.
 
Entre citations d’autres projets (Boullée, Antoine, Bélanger et Lubersac de Livron) et variations propres, cette aquarelle permet d’approfondir la connaissance d’une étape du grand dessein proposée en vain par les architectes à l’administration royale sous le règne de Louis XVI.
Son ampleur, sa qualité d’exécution et son animation caractéristique de la société française à la veille de la Révolution française en font une œuvre à même d’enrichir les collections du musée autour du grand dessein du Louvre et des Tuileries à la fin de l’Ancien Régime.
 
 
 

 

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