Histoire du tombeau
L’œuvre devait traduire le climat cosmopolite et dynamique de la papauté d’Avignon, au moment même où celle-ci essayait de retourner à Rome, juste avant que l’année 1378 ne marque la naissance du Grand Schisme entre deux papes rivaux et deux Eglises irréconciliables, qui devait durer près de quarante ans.
Françoise Baron, conservateur au département des Sculptures du musée du Louvre, a reconstitué l’histoire du tombeau de saint Elzéar en 1978 et redonné son identité et son importance au monument disparu et aux reliefs toujours conservés. Si ses recherches infatigables ont permis une analyse et compréhension complètes du tombeau, l’élément aujourd’hui acquis par le musée du Louvre lui était resté inconnu.
Attribution du relief sculpté au tombeau de saint Elzéar de Sabran
Ce relief n’apparaît pour la première fois qu’en 1961, dans une vente aux enchères londonienne. L’élément est alors bien identifié comme français et du XIVe siècle, mais décrit à tort comme étant en marbre (alors qu’il s’agit d’albâtre) et non reconnu comme appartenant au tombeau.
C’est la galerie Sam Fogg qui a fait le rapprochement entre ce relief et le monument d’Apt. La démonstration de cette provenance repose sur des arguments à la fois matériels (matériau, dimensions), techniques (traitement des revers et des bases), iconographiques (la scène s’intègre parfaitement dans la série des miracles et doit même correspondre à un relief mentionné par une source ancienne) et stylistiques. La galerie fait ainsi connaître au Louvre l’existence du nouvel élément au mois de mars 2019.
Le relief représente trois personnages : trois « infirmes », figurés dans une grande pauvreté. Les yeux du vieillard à gauche sont presque fermés, probablement en raison d’une maladie oculaire. Le jeune homme du premier plan est pieds nus, appuyé sur deux béquilles pour compenser une jambe droite gonflée et tordue. Son visage semble marqué par la souffrance, tant par les yeux fendus en amande et relevés vers l’extérieur que par la bouche petite et grimaçante. Par ailleurs, le vêtement est déchiré au niveau de sa cuisse droite. On voit enfin à droite un fragment de bras d’un autre personnage : le bras de saint Elzéar opérant un miracle.
Ce relief nouvellement identifié regagne les collections nationales françaises et permet de compléter la connaissance de ce grand tombeau, témoignage de l’époque de la papauté d’Avignon.
- Résurrection d’une fillette de l’Isle-sur-Sorgue, Paris, musée du Louvre.
- Le Christ fustigeant saint Elzéar en présence de son écuyer Isnard, Avignon, musée du Petit-Palais.
- Saint Elzéar visitant des lépreux, Baltimore, Walters Art Museum.
- Résurrection de Bertrand Flotte, Apt, cathédrale.
- Résurrection d’un enfant tombé dans le Rhône, Apt, cathédrale.
- Le Christ bénissant saint Elzéar, Avignon, musée du Petit-Palais.
- Saint Elzéar (agenouillé devant le Christ qui lui apparaît), New York, The Metropolitan Museum of Art.