Le musée du Louvre acquiert une maquette du Saint-Sépulcre du XVIIe siècle

6 octobre 2022
Le musée du Louvre vient d’acquérir par préemption en vente publique à Nice, chez Millon Riviera, une maquette du complexe du Saint-Sépulcre de Jérusalem datant de la seconde moitié du XVIIe siècle.
La maquette est accompagnée d’une maquette de l’édicule du Saint-Sépulcre, de leur boîte d’origine et d’une maquette de la chapelle du Calvaire. Créés à Bethléem, ces objets exceptionnels constituent la deuxième acquisition réalisée par le musée du Louvre pour le département des Arts de Byzance et des chrétientés en Orient.


 

Maquette du complexe du Saint-Sépulcre © Nicolas Roux Dit Buisson Photography

 
Cet exemplaire inédit de maquette du complexe du Saint-Sépulcre trouvera naturellement sa place dans le parcours du département des Arts de Byzance et des chrétientés en Orient, qui accueillera ses premiers visiteurs à l’horizon 2026. Cette maquette permettra de tenir un discours sur l’architecture de Terre Sainte, sur les relations entre l’Occident et l’Orient et sur les pratiques dévotionnelles du XVIIe siècle, tout en illustrant les techniques employées dans les objets d’arts décoratifs des temps modernes en Orient.

Cette maquette appartient à un corpus restreint d’objets similaires, qui compte une trentaine d’exemplaires recensés, tous attribuables au XVIIe et au XVIIIe siècle. La production de ces maquettes accompagne le renouvellement, dès le XVIIe siècle, de la production d’objets de dévotion à destination des pèlerins, réalisés par les artisans de Bethléem. Les techniques de marqueterie de nacre et d’os, qui relèvent d’une tradition régionale bien attestée au Proche-Orient, ont été mises à profit pour exécuter ces objets d’artisanat de luxe, réservés aux pèlerins de haut rang, catholiques ou orthodoxes. Cet ensemble d’exception était en mains privées depuis son acquisition au début du XVIIIe siècle.

La maquette principale, réalisée en bois d’olivier incrusté de nacre et d’os, représente le complexe du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Le parvis, sur lequel ouvre le double portail d’entrée de l’église des Croisés, est encadré, à l’est, par la chapelle à deux étages du Calvaire et, à l’ouest, par le campanile. L’église est surmontée d’une coupole. Des chapelles rayonnantes rythment son chevet. Elle est prolongée, à l’ouest, par la Rotonde de l’Anastasis (Résurrection), surmontée d’une coupole tronconique. Un élégant décor d’incrustation rehausse l’ensemble de ces éléments. Sur le parvis se déploie une grande croix de Jérusalem. Un semis d’étoiles et de fleurs de lys occupe les murs des édifices et les coupoles. Autour de la coupole de l’église des Croisés, des inscriptions désignent les points cardinaux, gravées sur des plaquettes d’os, d’autres inscriptions sont gravées à différents endroits de la maquette. Différents éléments de nacre ou de bois habillent aussi les espaces intérieurs.
La maquette dispose d’éléments mobiles qui ont pour but de dévoiler les lieux marqués par la prière des pèlerins. Cette maquette était conçue comme un support de dévotion : en la manipulant, le fidèle renouvelle symboliquement les stations qu’il a marquées dans l’édifice sacré. La réduction du complexe du Saint-Sépulcre est donc un objet invitant à méditer, par la manipulation de ses différents éléments, sur les épisodes de la Passion et sur la Résurrection.

Ainsi, lorsque le dôme de l’église des Croisés est retiré, un décor de nacre matérialisant le centre de l’Univers apparaît. En retirant le toit du bras méridional du transept, c’est la Pierre de l’onction du Christ qui est visible. Sous le toit à l’est, se trouve un décor de rosettes en nacre; sous celui du nord, une gloire avec le monogramme de la Vierge couronnée. Le chevet amovible permet de découvrir l’abside, avec l’autel majeur et le choeur à gradins. En retirant la façade, le fidèle découvre l’architecture de la chapelle du Calvaire, les tombeaux des rois latins de Jérusalem et l’intérieur de l’église des Croisés.  Tandis qu’une tirette fait apercevoir l’intérieur de la Prison du Christ, des portes, fermant par un loquet permettent d'apercevoir les chapelles marquant les différents épisodes de la Passion. Le retrait de la coupole tronconique de la Rotonde révèle l’intérieur de l’édifice, avec les statues du Christ ressuscité, de sainte Hélène et de l’édicule du Saint-Sépulcre.

L’édicule du Saint-Sépulcre, construit pour enchâsser le tombeau du Christ, est l’aboutissement du pèlerinage, c’est pourquoi une seconde maquette est associée à cet ensemble. Elle est également réalisée en bois d’olivier incrusté de nacre, avec un semis d’étoiles. 

La maquette du complexe et celle de l’édicule étaient associées dès l’origine. Elles forment un tout cohérent, comme le montrent leurs particularités techniques et stylistiques. C’est ce qu’indique aussi la boîte dans laquelle elles étaient toutes deux livrées et conservées. La préservation d’une telle boîte est exceptionnelle et même unique. Elle est en papier mâché, gainé de parchemin imitant l’écaille de tortue, et garnie de toile de laine grattée et son couvercle est moulé à la forme des éléments qu’elle contient. Lors du transport, ce couvercle parfaitement ajusté maintient les éléments mobiles de la maquette, les empêchant de choir.

Enfin, une troisième maquette, représentant la chapelle du Calvaire, complète l’ensemble, sans en faire partie puisqu’elle ne trouve pas sa place dans la forme du couvercle de la boîte. En bois d’olivier, orné d’incrustations de nacre formant des croix grecques et des fleurs, elle offre la particularité d’avoir, sur le toit, un médaillon de nacre contenant le buste de la Vierge des Douleurs, le coeur transpercé d’un glaive. 


Maquette du complexe du Saint-Sépulcre , accompagnée d’une maquette de l’édicule du Saint-Sépulcre , dans leur boîte d’origine.
Maquette: Bois d’olivier, marqueterie de nacre, os et bois de buis.
Boîte : papier mâché, parchemin, toile de laine grattée. Bethléem, seconde moitié du XVIIe siècle.

 H.:22cm ; L.: 41cm; P.:35cm.
H.:10cm ; L.: 8,5cm; P.:8,5cm.

Maquette de la chapelle du Calvaire
Bois d’olivier, marqueterie de nacre. Bethléem, seconde moitié du XVIIe siècle.
H.:10cm ; L.:8,5m; P.:8,5cm.
 

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