« D’après les maîtres » 
Hommage à Claude Rutault 

Musée du Louvre, Centre Pompidou, musée d'Orsay

18 avril 2023

Le musée du Louvre et le musée d’Orsay s’associent au Centre Pompidou pour rendre hommage à Claude Rutault (1941 - 2022) et montrer les riches lectures qu’un grand artiste contemporain propose du patrimoine. Chaque établissement tisse une relation entre une peinture de Claude Rutault et un segment de ses collections. Ces présences sont conçues et organisées en étroite collaboration avec Ninon Rutault et Quentin Lefranc, artiste et collaborateur de Claude Rutault.

Claude Rutault est un des rares artistes dont l’oeuvre ait fait l’objet de présentations au musée du Louvre (en dialogue avec Nicolas Poussin, en 1993), au musée d’Orsay (en dialogue avec Georges Seurat, en 2007), et au Centre Pompidou (en 1992 et 2015). Son rôle essentiel dans la création contemporaine depuis les années 1970, sa confrontation constante au patrimoine qu’il n’a cessé de commenter, interpréter, déplacer, était sans doute la raison de cette présence commune aux trois musées – réunis par les formes de la peinture.

Claude Rutault tenait à se définir comme un peintre. En 1973, il prend deux décisions radicales : ses toiles auraient désormais la même couleur que le mur sur lequel elles sont accrochées ; l’actualisation de ses oeuvres se fonderait sur des écrits, les définitions/méthodes. Ces textes courts et synthétiques, écrits sans majuscules, spécifient les modalités de réalisation matérielle de la peinture, déléguée à un « preneur en charge ». L’exemple le plus connu de cette manière de procéder est sa toute première définition/méthode, toile à l’unité, écrite en 1973 : « une toile tendue sur châssis peinte de la même couleur que le mur sur lequel elle est accrochée. Sont utilisables tous les formats standards disponibles, qu’ils soient rectangulaires, carrés, ronds ou ovales. L’accrochage est traditionnel ». Aimant à jouer et à penser avec l’oeuvre des autres comme avec la sienne propre, Claude Rutault a souvent travaillé « d’après les maîtres », imaginant des définitions/méthodes rendant hommage à tel ou tel grand artiste du passé, donnant ainsi une authentique profondeur de champ historique à son art : Poussin, Watteau, Manet, Seurat, Matisse, Rodtchenko…

Cette appellation « d’après les maîtres » paraît donc pertinente pour qualifier les liens que son oeuvre tisse au sein des trois musées, racontant ainsi une histoire partagée de l’art, entre antiquité, sculpture, et modernité. Le musée du Louvre actualise 115 après J.-C. – 2023, conçue à partir d’un portrait de momie, dit «du Fayoum», le musée d’Orsay, La Porte de la peinture, ayant pour matrice La Porte de l’Enfer d’Auguste Rodin qui a fasciné Rutault. Le Centre Pompidou montre, pour sa part, ready to be made, dialogue avec Marcel Duchamp.

115 après J.C. - 2023 (Claude Rutault)
19 avril - 25 septembre 2023 
Département des Antiquités égyptiennes, salle d'introduction (337). Aile Sully, RDC

L’artiste Claude Rutault (1941- 2022) n’a cessé de se confronter à la peinture et d’interroger le lien entre le décor, le lieu, et la picturalité même.

En 1993, Claude Rutault avait participé à l’exposition « Copier-Créer », destinée à marquer le deux-centième anniversaire du musée du Louvre. Il avait alors rendu hommage à Nicolas Poussin, figure centrale de son regard sur l’art. De son travail sur Poussin, premier peintre moderne à ses yeux, s’était déduite une recherche sur les origines de la peinture, qu’il identifiait aux portraits de momie de l’Egypte romaine, connus sous le nom de « portraits du Fayoum ».

Dans le cadre de l’hommage rendu à l’oeuvre de Claude Rutault, le musée du Louvre prend la suite de la présentation de 1993, en intégrant à la salle d’introduction du département des Antiquités égyptiennes une oeuvre intitulée 115 après J.-C. – 2023 – le titre provenant de son actualisation la plus récente. Suivant la méthode de Claude Rutault, cette oeuvre intègre dans une toile, de la couleur du mur, un portrait du Fayoum qu’il avait lui-même acquis. Répondant à Auguste Rodin au musée d’Orsay et à Marcel Duchamp au Centre Pompidou, c’est la perspective unique de l’artiste qui est ainsi révélée – une perspective suivant laquelle l’histoire de l’art, comme le portrait du Fayoum assimilé dans son oeuvre, se trouve intégrée au contemporain.

115 après J.-C. – 2023 tenait un rôle à part dans l’oeuvre de Claude Rutault : elle associe sa méthode – la peinture de la toile de la couleur du mur – et l’importance de la conservation et de la collection, qui était pour lui « prise en charge ». Avec cette oeuvre, il assumait lui-même cette mission et mettait ainsi en évidence le caractère « muséal » de sa recherche.

Au même moment, la salle d’introduction du département des Antiquités égyptiennes présente les tableaux cultuels d’époque romaine, qui datent de la même période que les portraits dits du « Fayoum », dans un dialogue entre collection patrimoniale et relecture contemporaine.

Panneaux peints de l'Égypte romaine                        

Commissariat : Caroline Thomas, Conservatrice au département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre

En dialogue avec 115 après J.-C. – 2023, le département des Antiquités égyptiennes expose des portraits du Fayoum et consacre ainsi sa salle d’actualité à ce moment de l’histoire de l’art qui vit naître les portraits de momie.

Le département des Antiquités égyptiennes a fait l’acquisition en 2020 d’un tableau en bois peint représentant deux dieux en armes, Hèrôn et Lycurgue. Contemporains des fameux portraits fixés sur les momies, les tableaux peints représentant des divinités égyptiennes et étrangères constituaient à la fois des offrandes votives et des supports de dévotion pour la population de l’Égypte romaine.

Autour de ce panneau nouvellement acquis, un groupe d’oeuvres illustre le thème des divinités en armes, notamment le seul autre exemplaire conservé au Louvre ainsi qu’un prêt rare de la Bibliothèque Nationale de France.

Aux premiers siècles de notre ère, l’Égypte est une province de l’Empire romain, sous l’autorité directe de l’empereur. Après trois cents ans de règne de la dynastie des Ptolémées (332-30 av. J.-C.) et deux cents ans de gouvernement romain, les pratiques de la population, de plus en plus mixte et influencée par l’hellénisme, sont désormais à la croisée de l’héritage pharaonique et de la culture gréco-romaine. Cet hellénisme se définit par la diffusion de la culture gréco-romaine dans toutes les provinces de l’empire et au-delà, et se caractérise par le nouveau style désormais à la mode et universel qui remplace progressivement les traditions locales. Les tableaux peints sur bois représentant des divinités et servant de supports de culte dans les temples figurent parmi les productions caractéristiques de l’époque. Ces panneaux décrivent, selon des conventions hellénisées, aussi bien les dieux de l’Égypte pharaonique que des divinités immigrées et appartenant à des panthéons étrangers, parmi lesquelles se distingue un ensemble de dieux « en armes ».

 

Autour des expositions
Musée du Louvre, Centre Vivant-Denon. Accès porte des Arts.

Carte blanche
31 mai - 15 septembre 2023
Mercredi, jeudi et vendredi, de 13h à 17h
Hall d’accueil, Porte des arts, 2e étage.

Le Centre Vivant Denon présente pour la première fois les carnets de travail de Claude Rutault, spécialement confiés par Ninon Rutault.

Rencontres
31 mai 2023 à 18h
Cette conversation modérée par Donatien Grau, musée du Louvre, associe François Blanchetière, conservateur du patrimoine au musée d’Orsay, en charge de la présentation de l’oeuvre Claude Rutault dans la nef, Michel Gauthier, conservateur au musée national d’art moderne, commissaire de l’accrochage au Centre Pompidou et grand spécialiste de Claude Rutault, Jean-Hubert Martin, historien de l’art, directeur honoraire du musée national d’art moderne, Juliette Laffon, conservatrice honoraire du musée Antoine Bourdelle, Blandine Chavanne, conservatrice générale honoraire du patrimoine, ancienne directrice du musée des Beaux-Arts de Nantes, tous trois compagnons de route de Claude Rutault, Quentin Lefranc, artiste et collaborateur de Claude Rutault.

Sur inscription à centre-vivant-denon@louvre.fr

Ce débat au Centre Vivant Denon ainsi qu’une création numérique conçue conjointement avec les trois établissements par Quentin Lefranc avec David Kidman et une publication proposent d’interroger les liens profonds d’un artiste d’aujourd’hui avec l’histoire de l’art.

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