Au printemps 2025, le musée du Louvre consacre une grande exposition au sultanat mamlouk (1250 – 1517), retraçant l’histoire glorieuse et unique de cet empire égypto-syrien, qui constitue un âge d’or pour le Proche-Orient à l’époque islamique.
Réunissant 260 œuvres issues de collections internationales, l’exposition explore la richesse de cette société singulière et méconnue, dont la culture visuelle marquera durablement l’histoire de l’architecture et des arts en Egypte, en Syrie, au Liban, en Israël/ Territoires palestiniens et en Jordanie.
À l’origine de cette dynastie est un système original d’esclaves militaires (appelés «mamlouks ») d’origine majoritairement turque puis caucasienne, achetés ou capturés puis éduqués à l’islam et aux disciplines guerrières dans les casernes du Caire ou dans les grandes villes syriennes. Ils forment ainsi une caste militaire, dont une partie est affranchie et grimpe les échelons de la hiérarchie militaire qui contrôle l’État. La dynastie des Mamlouks a construit sa légende sur sa puissance guerrière. Pendant plus de deux siècles et demi, le sultanat mamlouk a vaincu les derniers bastions des croisés, combattu et repoussé la menace des Mongols, survécu aux invasions de Tamerlan et maintenu à distance ses menaçants voisins turkmènes et ottomans avant de succomber à l’expansionnisme de ces derniers.
La société mamlouke est une mosaïque de populations, basée sur la diversité et la mobilité, qui a développé une culture complexe et protéiforme et a constitué le cœur culturel du monde arabe. Un monde où se croisent sultans, émirs et riches élites civiles activement engagés dans le mécénat. Une société plurielle où les femmes comme les minorités chrétiennes et juives ont une place. Un territoire stratégique où convergent l’Europe, l’Afrique et l’Asie et au sein duquel les personnes et les idées circulent au même titre que les marchandises et les répertoires artistiques. Textiles, objets d’art, manuscrits, peintures, ivoires, décors de pierre et de boiserie dévoilent un monde artistique, littéraire, religieux et scientifique foisonnant.
Plus de quarante ans après une première exposition dédiée à cette dynastie (Washington DC, 1981), le musée du Louvre réunit pour la première fois en Europe 260 œuvres, dont un tiers provient des collections du Louvre, à côté de prêts nationaux et internationaux prestigieux.
L’exposition se déploie autour de cinq sections :
- l’identité mamlouke, à partir de grandes figures de sultans et d’émirs ;
- la société, plurielle et cosmopolite, où cohabitent hommes et femmes, ulémas et soufis, gens de plume, marchands et artisans, minorités chrétiennes et juives ;
- la richesse de ses cultures entremêlées : militaire, religieuse, littéraire et populaire, scientifique et technique ;
- les connexions avec le monde environnant, qui ont fait du sultanat mamlouk un autre « Empire du milieu » ;
- l’essence de l’art mamlouk et ses réalisations majeures, réunissant des œuvres exceptionnelles de calligraphie, design, textiles, céramique, verre émaillé, métal incrusté et boiseries.
À travers une scénographie spectaculaire réalisée par l’agence BCG et des espaces de médiation immersifs, l’exposition offre aux visiteurs une plongée captivante dans le monde des Mamlouks. Une série de portraits, égrenés au fil du parcours, propose de rencontrer des personnages historiques représentatifs de la société mamlouke, racontant des histoires singulières au sein de la grande Histoire.
L’occasion inédite de découvrir cet empire glorieux et pourtant méconnu, à travers des chefs-d’œuvre venus du monde entier, offrant un autre regard sur l’Egypte et le Proche-Orient médiévaux, alors au centre des échanges entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie.