Acquisition d’un exceptionnel panorama de Carmontelle

novembre 2015

Créateur de jardins, organisateur de fêtes et de spectacles, Louis Carrogis, dit Carmontelle, fut très lié aux princes d'Orléans dont il fut le protégé. Il se fit une spécialité de portraits de gens de qualité et de dames de la cour, exécutés à la pierre noire, la sanguine et l'aquarelle, constituant un témoignage fidèle de toute une société. On lui connaît aussi, plus rares, quelques grands panoramas représentant des paysages, faits pour être déroulés devant une source lumineuse.
Lors de sa vente après-décès, 750 portraits et 11 boîtes de rouleaux transparents furent dispersés. Un manuscrit de Carmontelle, daté de l'an III (1794-1795), intitulé Mémoire sur les tableaux transparents du citoyen Carmontelle l 'an IIIe de la Liberté (Bibliothèque de l'INHA, autographes, carton 8, fonds Doucet), explique les différentes étapes de la fabrication des transparents : « Ces tableaux sont peints sur une bande de papier de Chine ou de papier vélin de la hauteur d'environ 15 pouces et de la longueur de 80 à 180 pieds selon la quantité d'objets successifs qu'on veut représenter, et cette bande de papier est bordée par le haut et par le bas d'un galon noir qui l'empêche de se déchirer. [ ... J. Pour que les objets peints sur cette bande de papier passent successivement, elle est montée sur deux rouleaux de bois renfermés dans une boîte noircie et placés à ses extrémités. Cette boite a deux ouvertures d'environ 26 pouces où sont deux portes qui se relèvent pour laisser passer la lumière du jour au travers du papier peint. A l 'axe de ces rouleaux on adapte une manivelle qui fait tourner un des rouleaux sur lequel se replie toute la bande de papier qui enveloppe l'autre rouleau qui, tournant aussi, fait passer tous les objets peints sur ce papier ».

Les premiers transparents connus de Carmontelle sont datés des dernières années du règne de Louis XVI (1783 et 1787), puis de la période révolutionnaire (1790, 1792, 1795, 1798) et les derniers du Consulat et de l'Empire (1800, 1801, 1803 et 1804). Leur sujet est identique : les campagnes d'Île de France et les jardins pittoresques. Les lieux ne devaient toutefois pas être nécessairement identifiables. Louis Carrogis les avait conçus comme des divertissements de salons, accompagnés sans doute de commentaires, anecdotes ou de musique. Les transparents connurent un développement important au XVIIIe siècle, d'abord dans les décors de théâtre ou d'opéra, puis dans les démonstrations scientifiques, les célébrations nationales, les fêtes privées et même les spectacles
populaires.

Trois transparents de Carmontelle sont aujourd'hui conservés et connus. L'un, très fragmentaire, est conservé au musée Condé à Chantilly. Un autre, beaucoup plus grand, se trouve au musée de l'Île de France à Sceaux. Néanmoins, doublé, il a subi d'importantes pertes de matières et a dû subir une restauration en 2003. Enfin, le J. Paul Getty Museum conserve un rouleau de 37 m de long.

Le panorama frappe par son exceptionnel état de conservation. La présence de plusieurs drapeaux bleu, blanc, rouge permettent de le dater de la période révolutionnaire. L’oeuvre témoigne d'un usage original du dessin, spécifique à la fin du XVIIIe siècle.
Le fonds du département des Arts graphiques, qui ne conservait jusqu’à présent que trois aquarelles de Carmontelle, a fait l’acquisition le 12 novembre 2015 de cette pièce rare. Elle est inventoriée dans les collections du département des Arts graphiques sous le N° : RF55317.

 

Notice de l’oeuvre
Titre: « Promenade dans un parc » et sa boîte pour visionner l'oeuvre.
Artiste : Louis Carrogis, dit Carmontelle (1717-1806)
Provenance : probablement vente Carmontelle 1807, lot de 11 boites de rouleaux transparents ; collection particulière.
Matériaux : gouache, aquarelle, plume et encre sur dix-sept feuilles de papier Whatman.
Dimensions : long. 13m x h. 25cm.

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