Autour du chef-d’œuvre offert par Étienne le Grand (1457-1504) au monastère de Zographou au Mont Athos, récupéré par un détachement de l'armée française pendant la Première Guerre mondiale et remis solennellement par la France à l’État roumain en 1917, une trentaine d’œuvres insignes illustreront l’extraordinaire développement de la broderie de tradition byzantine en Roumanie du milieu du XVe au milieu du XVIIe siècles.
Les textiles réunis dans l’exposition sont présentés en trois grands ensembles, correspondant essentiellement à leur fonction et usage.
Le deuxième ensemble est dévolu à la « panoplie liturgique », textiles destinés à la célébration de la liturgie : aër et petits aërs (voiles de calice et de patène), grand aër - épitaphios, podea (voile d’icône), rideau d’iconostase.... Pour comprendre l’usage des épitaphioi dans l’espace liturgique sera exposé en regard un relevé des fresques de l'église de la Vierge Peribleptos de Mistra issu des archives Gabriel Millet.
Enfin, le troisième ensemble, unique au monde, rassemble de spectaculaires couvertures de tombeaux princiers, dans lesquelles le caractère hiératique des images byzantines cède bientôt le pas à la tentation du portrait. A partir de la célèbre Marie de Mangop, l’exposition esquisse les grands traits d’une typologie princière jusqu’au XVIIe siècle, avec les deux princes Mogila de Sucevița et les deux portraits de Iaşi, celui de la princesse Tudosca, épouse de Basile le Loup et celui de leur fils Ioan. La présentation de de l’effigie d’une impératrice byzantine gravée au XVIIe siècle, permet d’inscrire les chefs-d’œuvre roumains dans une longue tradition.
L’exposition se clôt par l’évocation de la figure de Gabriel Millet (1867-1953), qui sillonna la Grèce et les Balkans et rapporta de ses voyages une documentation photographique et aquarellée irremplaçables, dans laquelle les broderies roumaines tiennent une place de choix.
Pour la partie française : Jannic Durand, directeur, et Dorota Giovannoni, documentaliste scientifique, département des Objets d’art, musée du Louvre.
Pour la partie roumaine : Emanuela Cernea, conservatrice en chef, et Iuliana Damian, conservatrice, département d’Art roumain ancien, Musée national d’art de Roumanie.