Dans les coulisses du Louvre

Quatre lieux historiques et emblématiques du musée retrouvent tout leur éclat

17/06/2024

Quatre grands chantiers de sauvegarde, de restauration et de rénovation s’achèvent dans les prochaines semaines. 
Des appartements d’été d’Anne d’Autriche aux salles de réception de Napoléon III et à la salle du Trône de Louis XVIII, en passant par l’arc de triomphe du Carrousel, face à la Pyramide de Ieoh Ming Pei, ces décors uniques et emblématiques nous rappellent que le Louvre, ancienne demeure royale, lieu de pouvoir et de prestige, devenue le plus grand musée du monde, n’a jamais cessé de se métamorphoser.

« Au Louvre, musée et palais dialoguent en permanence. Préserver et faire vivre ce patrimoine exceptionnel pour le transmettre à tous nos publics dans les meilleures conditions est notre mission première. Les savoir-faire d’excellence de nombreux métiers d’art et l’expertise des conservateurs ont permis de rendre tout leur éclat à trois grands décors historiques et un monument majeur du paysage parisien. Alors que s’achèvent ces chantiers de grande ampleur, je me réjouis que nos visiteurs puissent en découvrir ou en redécouvrir l’immense beauté. »
Laurence des Cars, Présidente-directrice du musée du Louvre

Aujourd’hui, une ambitieuse et nécessaire politique de restauration et d’entretien du musée permet de rendre à nouveau accessibles au public des « pièces » majeures de l’histoire et de la culture françaises, au moment même où des visiteurs du monde entier, présents à Paris pour les Jeux olympiques et paralympiques 2024, pourront les admirer.
Les visiteurs pourront ainsi redécouvrir dans le courant du mois de juin 2024 :

- Les appartements d’été d’Anne d’Autriche : décors à l’italienne, fresques, ornements en stuc et en marbre ont fait l’objet d’une exemplaire restauration depuis près de deux ans. Ils rouvrent le temps de l’exposition « Chefs-d’œuvre de la collection Torlonia ».

- L’arc de triomphe du Carrousel : Ce joyau d’architecture est un monument emblématique au cœur de la capitale. Après un an et demi de travaux, il 
raconte mieux que jamais l’histoire des conquêtes du Premier Empire.

- La salle du trône de Louis XVIII : symboles du pouvoir royal sous la Restauration, minutieusement restaurés pour le Louvre, le dais du trône, les riches tentures en soie et dentelle d’or, le tapis tissé par la Manufacture de la Savonnerie et le mobilier en bois doré sont présentés ensemble pour la première fois depuis le XIXe siècle, grâce au dépôt exceptionnel du Mobilier national.

- Les appartements Napoléon III : ouverts au public depuis 1993, cette enfilade de pièces de réception aujourd'hui intégralement rénovés permet de replonger dans le décor et l'atmosphère des fêtes parisiennes du Second Empire. Dorures, tentures cramoisies, lustres, décors sculptés, faux marbres, bronzes et mobilier retrouvent aujourd’hui tout leur éclat après dix mois de patiente remise en état.

 

LES APPARTEMENTS D’ÉTÉ D’ANNE D’AUTRICHE 
DANS LA GRANDE TRADITION ITALIENNE 
Aile Denon, Rez-de-chaussée, salles 408 à 414—Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines

D'une superficie totale de 1200 m², les appartements d’été d’Anne d’Autriche (ou dits « de la Reine »), ont fait l’objet d’une restauration complète depuis l’été 2022. Associant restauration du patrimoine et modernisation des équipements techniques, cette importante campagne de travaux s’inscrit dans un projet de réaménagement plus global des collections permanentes du Louvre puisque ces espaces accueilleront en 2027 les collections romaines du musée dans une muséographie repensée.

Ces appartements sont créés en 1655 par l’architecte Louis Le Vau, à la demande de Louis XIV, qui souhaite transformer une galerie préexistante en appartements d’été pour sa mère, la reine Anne d’Autriche. Le Vau conçoit une enfilade de six pièces. Le décor des plafonds est confié au sculpteur français Michel Anguier, chargé des groupes en stuc, ainsi qu’au peintre Giovanni Francesco Romanelli pour les fresques sur enduit dans la tradition italienne. Quand le palais devient musée à la fin du XVIIIe siècle, l’architecte Jean-Arnaud Raymond transforme les appartements royaux en galerie des Antiques. Au XIXe siècle, son successeur Hector Lefuel complète l’enfilade des appartements par la création de la salle d’Auguste. 

Ces salles d’apparat au décor exceptionnel n’avaient pas fait l’objet d’une rénovation complète depuis les années 1930. Aujourd’hui, l’ensemble des décors a été restauré : ornements en stuc, fresques, peintures à l’huile sur toile marouflée, stuc-marbres et pavements en marbre polychrome. Les travaux entrepris ont également permis de moderniser les installations et réseaux techniques.

Le musée du Louvre propose au public de redécouvrir ces salles historiques le temps de de l’exposition « Chefs-d’œuvre de la collection Torlonia », présentée du 26 juin au 11 novembre 2024. Elles refermeront à la fin de l’année pour permettre les travaux en vue de l’ouverture, en 2027, du nouveau parcours des collections romaines, articulé autour de la cour du Sphinx.

 

L’ARC DU CARROUSEL
ET LE JARDIN DU CARROUSEL

Monument emblématique de Paris, l’arc du Carrousel est le témoin des temps forts de l’histoire depuis deux siècles. Construit entre 1806 et 1808 à la demande de Napoléon 1er pour rendre hommage aux soldats de la Grande Armée, l’arc de triomphe du Carrousel est composé de matériaux multiples, qui se sont détériorés sous l’effet du temps et des intempéries.
Les travaux, commencés en novembre 2022, viennent de s’achever. La structure de l’arc, les colonnes de marbre rouge , l’étanchéité de la maçonnerie, les ferronneries ont fait l’objet de tous les soins. 

Le quadrige surmontant le monument a retrouvé tout son éclat. Majestueux, il s’inspire de ceux qui ornaient les arcs antiques : deux figures féminines en plomb doré, la Victoire et la Paix, encadrent un char, conduit par une allégorie de la Paix. 
Le décor sculpté, d’une finesse étonnante, a été entièrement restauré. Huit copies des grognards – les soldats de Napoléon - ont été sculptées dans des blocs de marbre de Carrare. À travers les fenêtres des ateliers installés au pied du monument, les curieux ont observé les nouveaux grognards prendre forme sous les burins des sculpteurs. Les statues originales, trop abimées pour être exposées, ont trouvé un nouvel abri dans les réserves du Centre de conservation du Louvre à Liévin.

Ecoutez les conservateurs et restaurateurs vous dévoiler les coulisses de la restauration sur louvre.fr.

Le jardin du Carrousel restauré offre un nouvel environnement à l’arc. Conçu dans les années 1990 par les paysagistes Jacques et Peter Wirtz, il vient d’être rénové pour réduire les surfaces minérales, offrir aux visiteurs un espace de détente plus important et renforcer les végétaux déteriorés et affaiblis. Ainsi, 1 200 ifs ont été replantés durant l’hiver 2023 dans les haies qui rayonnent à partir de l’arc. Les travaux de nivellement, d’arrosage et de replantation des tertres sont en cours d’achèvement pour le plaisir des promeneurs. L’occasion d’aménager un parc à vélos du côté du pavillon des Sessions, dissimulé derrière les haies d’ifs.

 

LA SALLE DU TRÔNE DE LOUIS XVIII
LE POUVOIR ROYAL SOUS LA RESTAURATION
Aile Richelieu, salle 551—Département des Objets d’art

Le mobilier restauré de la salle du trône de Louis XVIII est présenté pour la première fois dans son ensemble, grâce au dépôt consenti par le Mobilier national. Réalisé entre 1817 et 1822, cet ensemble de mobilier est composé aujourd’hui de deux fauteuils, d’un paravent, d’un écran de cheminée, de quatre torchères, de quatre appliques et du dais du trône, d’un tapis et de deux tentures; le trône de Louis XVIII ayant été détruit lors de la révolution de 1848.

Sous la Restauration, cet ensemble d’une rare magnificence fut conçu pour ce lieu symbolique du pouvoir royal. La salle du trône était située depuis le Premier Empire au premier étage du palais des Tuileries, côté cour, ouvrant sur l’arc du Carrousel. Jean Démosthène Dugourc, qui avait déjà travaillé comme dessinateur du Mobilier de la Couronne sous Louis XVI, est chargé de concevoir l’ensemble du décor à partir de 1817. Il dessine ainsi le tapis, les tentures, le mobilier et les luminaires, et en suit l’exécution. Les Manufactures royales des Gobelins, de la Savonnerie et de Beauvais ont concouru à la réalisation, ainsi que la maison Grand frères, le plus célèbre fabricant de soierie de Lyon, les meilleurs bronziers, doreurs, ébénistes, brodeurs et passementiers de Paris. Le mobilier en bois doré a été réalisé par François-Honoré-Georges Jacob-Desmalter. La dorure, dont la qualité exceptionnelle est toujours visible aujourd’hui, a été confiée à Jean-François Lèbe, considéré alors comme « le plus habile doreur de Paris ». Le décor de la salle du Trône a été démonté progressivement après la Révolution de 1830.

Grâce à une étroite collaboration avec le Mobilier national et le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF), toutes les pièces en bois sculpté et doré ont pu être restaurés, retrouvant tout leur prestige et leur éclat. Les bronzes et le dais ont été restaurés dans les ateliers du Mobilier national.

 

LES APPARTEMENTS NAPOLÉON III
TOUT L'APPARAT DU SECOND EMPIRE
Aile Richelieu, salles 539 à 549—Département des Objets d’art

Témoignage de l’exceptionnelle qualité des arts décoratifs sous le Second Empire, les appartements Napoléon III, s’étendent sur 11 salles occupant près de 1 000 m². Dorures, tentures cramoisies,  lustres, décors sculptés en carton-pierre, faux marbres, bronzes et meubles témoignent du goût de l’époque pour l’apparat.
Fermés depuis septembre 2023, ces espaces dévoilent aujourd’hui un décor flamboyant entièrement rénové. Aménagés entre 1857 et 1860 par l’architecte Hector Lefuel, chargé de la construction de l’aile réunissant le Louvre et les Tuileries, ces salons de réception abritaient le ministère d’État. À la fin du Second Empire, le ministère d’État cède la place au ministère des Finances qui occupe les lieux jusqu’en 1989. C’est à cette date que le palais du Louvre devient, dans son intégralité, un musée. Les appartements Napoléon III n’ouvriront pour la première fois au public qu’en 1993.

Pièce la plus spectaculaire des appartements, le Grand Salon présente une hauteur de plus de dix mètres. Le décor sculpté, dans lequel figurent amours, atlantes et cariatides, trophées et guirlandes de fleurs est omniprésent. Fait rare, ces appartements ont eu la chance de conserver intact leur mobilier. L’adéquation entre mobilier et décor est ici parfaite : noyer ciré pour l’antichambre, bois doré pour les salons, bois noir rehaussé de bronzes dorés pour les salles à manger. On retrouve enfin la marque des dernières innovations du XIXe siècle, utilisées pour valoriser l’excellence française : lustres de l’escalier d’honneur et de l’antichambre éclairés au gaz ; décor en carton-pierre alliant qualité esthétique, solidité et légèreté ; bronzes réalisés en galvanoplastie dans des dimensions jusqu’alors inédites.

La rénovation, réalisée par le groupement de conservation-restauration Petit & Chatain et les ateliers de métiers d’art du Louvre (pour le lustre, la rampe de l’escalier d’honneur et la cheminée du Grand Salon) permet de redécouvrir l’extraordinaire qualité des dorures, la variété des faux marbres, la couleur de pierre blonde des cariatides et des putti, ainsi que l’éclat des cristaux des lustres. Elle a aussi été l’occasion d’une reprise des huisseries pour améliorer l’isolation des espaces et la conservation des œuvres sur le long terme.

 


LE LOUVRE REMERCIE SES MÉCÈNES

La restauration des appartements Napoléon III a bénéficié du soutien de 

  • Cartier
  • Bank of America
  • Crédit Agricole d’Ile-de-France Mécénat et la Fondation Crédit Agricole Pays de France

La restauration des plafonds des appartements d’été d'Anne d’Autriche a bénéficié du soutien 

  • des American Friends of the Louvre
  • de French Heritage Society, grâce au mécénat d’Iron Mountain

La restauration de l’arc du Carrousel a été rendue possible grâce

  • aux 4 500 donateurs de la 9e campagne « Tous mécènes ! » (2018-2019)
  • à la société des Amis du Louvre et aux American Friends of the Louvre
  • au Crédit Agricole d’Ile-de-France Mécénat et à la Fondation Crédit Agricole Pays de France
  • à la Compagnie de Phalsbourg
  • à la Famille Andreas Mentzelopoulos
  • à la Fondation La Marck sous l’égide de la Fondation de Luxembourg

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Marion Benaiteau
marion.benaiteau@louvre.fr
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