Acquisition de trois œuvres majeures par le département des Peintures du musée du Louvre

Juin 2019
Le musée du Louvre annonce l’acquisition de trois oeuvres majeures par le département des Peintures : un panneau attribué au Maître des Cassoni Campana qui a été déposé au musée du Petit Palais d’Avignon, une icône de Silvestros Desos et une esquisse pour Le rêve du bonheur de Pierre-Paul Prud’hon.


Scène de la vie de Thésée et d’Hippolyte attribué au Maître des Cassoni Campana 
(Actif à Florence au début du XVle siècle). Panneau de peuplier parqueté - 69 x 161cm
Acquis en vente publique.
 
Acquis en vente publique à Limoges, ce panneau de peuplier parqueté a été exécuté par un peintre méconnu, peut-être un des rares français actifs dans la Florence de la Renaissance, le Maître des Cassoni Campana. Il provient des descendants de Gustave Eiffel. Il fait partie d’une série de six dont quatre ont appartenu à la collection Campana. Ces derniers, acquis par Napoléon III en 1861, faisaient déjà partie des collections du musée du Louvre et sont déposés depuis 1976 au musée du Petit Palais d’Avignon. Longtemps considérés comme des cassoni, des coffres de mariage destinés à des chambres nuptiales, ces tableaux, de par leurs imposantes dimensions, sont plutôt des spalliere c’est-à-dire des panneaux insérés dans des boiseries destinés à décorer la chambre des époux. La série d'Avignon relate les histoires tragiques et néanmoins fabuleuses de Pasiphaé, Minos, Thésée et Ariane. Dans le quatrième panneau, Thésée, accompagné de Phèdre, quittait Ariane sur l'île de Naxos et naviguait vers Athènes où son père, le croyant mort, se jetait de la tour. Nous retrouvons dans ce cinquième panneau Thésée et Phèdre quelques années plus tard suite à l'abandon d'Ariane par ce dernier. Phèdre, furieuse d’avoir été rejetée par Hippolyte, son beau-fils l’accuse devant Thésée, conduisant à l’exil du jeune homme. Le peintre a choisi ici de mêler histoire antique et mythe chrétien en substituant à la fin du récit mythologique le martyre de saint Hyppolyte figuré dans la partie droite.
Le panneau a été déposé au musée du Petit Palais d’Avignon, où il a rejoint les quatre panneaux déjà en dépôt. Il faut rappeler que la fréquentation du musée du Louvre, dont le budget d’acquisition est indexé sur les recettes de billetterie,  permet ainsi de contribuer à l’enrichissement des musées en région.  


Le Christ et saint Phanourios de Silvestros Desos
Tempera sur bois, vers 1620-1630 - 73 x 66 cm 
Achat négocié de gré à gré

Cette icône crétoise possède plusieurs caractéristiques qui la rendent exceptionnelle. L’œuvre proviendrait peut-être du monastère Sainte Catherine du Mont Sinaï après la chute de Constantinople (1453) et aurait pu être possédée par le vice-roi d’Egypte Mohammed Ali. L’icône est entrée dans la famille du propriétaire actuel avant 1843, elle bénéficie donc d’un historique remontant au moins aux années 1840, un cas rarissime pour les icônes qui peuvent être acquises aujourd’hui sur le marché de l’art. Elle a fait l’objet d’une étude au Laboratoire du C2RMF qui a confirmé qu’elle respecte les techniques traditionnelles : toile encollée, dessin sous-jacent, technique a tempera…. Le cliché en réflectographie infrarouge a en outre révélé la signature de l’artiste : Silvestros Desos, actif dans la première moitié du XVIIe siècle à Candie (Heraklion). Enfin l’icône a un modèle prestigieux : c’est une variation sur une icône partiellement ruinée de l’un des plus grands noms de l’icône créto-vénitienne Angelos Akotantos, conservée au monastère de Valsamonero en Crète.
 
Esquisse pour Le rêve du bonheur, de Pierre-Paul Prud’hon
Huile sur toile, 1818-1819 - 24 x 30 cm 
Achat négocié de gré à gré
 
Cette esquisse appartient à l’ensemble des travaux préparatoires pour le Rêve du bonheur, ultime fruit de la collaboration étroite de Pierre-Paul Prud’hon et de sa compagne Constance Mayer-Lamartinière avant le suicide de cette dernière en mai 1821. Bien qu’attribuée à Constance Mayer par les experts des ventes de 1898 et de 1912, l’esquisse témoigne d’un processus de création et d’une qualité d’exécution caractéristiques de Pierre-Paul Prud’hon. C’est ainsi le dernier exemple mais aussi le plus réussi de la collaboration artistique du couple de peintres le plus emblématique du XIXe siècle romantique mais aussi un exemple caractéristique et intéressant du processus créatif en vue d’un tableau appartenant aux collections du Louvre. Il est possible de remonter l’historique complet et ininterrompu de l’œuvre depuis 1830. Sept ans seulement après la mort de Prud’hon, l’esquisse apparaît dans la vente après-décès de la collection de M. Brunet, un architecte réputé avoir été l’ami du peintre. L’œuvre passe ensuite en possession de plusieurs collections prestigieuses du XIXe siècle : celle du baron de Beurnonville (vendue en 1800-1881), celle de L. Tabourier (vendue en 1898) et celle d’Henri Rouart (dispersée en 1912). A la suite de son acquisition par l’architecte français Hector Lefuel à la vente Rouart de 1912, l’œuvre est restée en possession de ses descendants directs jusqu’à aujourd’hui.
L’œuvre, qui a été examinée au Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF), a vocation à être exposée au Louvre dans la salle dévolue à Pierre-Paul Prud’hon (aile Sully, 2e étage, salle 936), à proximité du Rêve du bonheur dont elle est l’esquisse et à côté d’autres esquisses de Prud’hon déjà conservées dans les collections du musée.
 

INFORMATIONS PRATIQUES 
Horaires : de 9h à 18h, sauf le mardi. Nocturne mercredi et vendredi jusqu’à 22h.
Tarif unique d’entrée au musée : 15 €.
Achat en ligne : ticketlouvre.fr
Renseignements, dont gratuité : louvre.fr

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Jeanne Scanvic 
jeanne.scanvic@louvre.fr
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