Placé au coeur de la Cour carrée, sur la fontaine, le Panorama d’Eva Jospin est conçu comme une architecture artistique : le côté minéral de la ville et les façades du palais du Louvre se reflètent sur les parois habillées d’acier polimiroir.
L’intérieur du Panorama, dans lequel le public est invité à déambuler, se déploie à 360° et est ainsi un lieu immersif dont l’aspect végétal reflète lui, l’univers des forêts et des grottes.
Eva Jospin sculpte le carton et décline ses forêts obsessionnelles qui sont des perspectives sans ligne de fuite, des paysages de l’imaginaire où l’oeil se promène sans boussole. Avec Panorama, la perspective et la profondeur au coeur du vocabulaire de l’artiste sont travaillées à une échelle plus grande. L’oeuvre s’inscrit dans la continuité des panoramas traditionnels du XVIIIe siècle. Le souhait de créer une architecture immersive dédiée au voyage dans les paysages imaginaires d’Eva Jospin, s’est exprimé par la création de ce panorama urbain.
L’oeuvre fait aussi écho à l’exposition « Hubert Robert (1733-1808). Un peintre visionnaire » (9 mars - 30 mai 2016 dans le hall Napoléon) qui révèle, au-delà de l’image de peintre de ruines et de paysages, la dimension visionnaire de l’un des plus grands créateurs d’imaginaire poétique du XVIIIe siècle.
Le Panorama de l’artiste se comprend dans la continuité des panoramas traditionnels qui, au XVIIIe siècle, ont connu un intérêt public croissant. Ce sont les précurseurs de spectacles en ville, de foires, de manèges et de cinéma, de toutes sortes de divertissements payants que la ville offre à ses habitants. Le plus ancien panorama connu en France, Le Panorama de Constantinople, a été réalisé en 1818 par Pierre Prévost.Conservé au département des Peintures du Louvre, il a été présenté lors de l’exposition Philippe Djian au Louvre (27 novembre 2014 - 23 février 2015).
Eva Jospin travaille le carton, médium rarement utilisé, pour créer des oeuvres sous forme de haut-relief avec la même patience que le tailleur de pierre qui façonnent volume et perspective. De l’épaisseur de la planche de carton recyclé est apparu le motif du sous-bois, de la forêt dense. La juxtaposition des plans provoque une superposition infinie de strates sculptées.
Panorama est présenté pour la première fois en exclusivité dans la Cour carrée du musée du Louvre et entamera ensuite un tour du monde. Plus qu’une architecture, ce « monde construit itinérant » vient se poser dans des espaces publics en proposant à chaque fois une exaltation panoramique du lieu qui l’accueille.