Le musée du Louvre acquiert la sculpture d'une Vierge et l’Enfant de Michel Colombe

2 décembre 2022
Le musée du Louvre a acquis, pour le département des Sculptures, une Vierge et l’Enfant de Michel Colombe (vers 1430-vers 1512). Cette sculpture en terre cuite, réalisée vers 1500 pour le tympan de la porte d’entrée de la chapelle du château de La Carte à Ballant-Miré (Indre-et-Loire), tient une place importante dans l’histoire de la sculpture de la première Renaissance française. Ce depuis le début du XXe siècle pour les historiens de l’art, et encore plus particulièrement depuis qu’elle a été présentée au public au Grand Palais à Paris en 2010 dans l’exposition France 1500.
Cette acquisition d’une œuvre majeure de Michel Colombe, a été conduite par préemption, lors de la vente  publique organisée les 29 et 30 novembre à l'Hôtel Drouot par Rémy Le Fur & Associés.
 
Michel Colombe (Bourges, vers 1430-Tours, 1512), fils du sculpteur Philippe Colombe, installé à Bourges, a mené une longue carrière dont seulement trois œuvres nous parvenues documentées : Le retable de saint Georges pour la chapelle du château de Gaillon, qui fait partie des collections du musée du Louvre, La médaille commémorative de l’entrée de Louis XII à Tours en 1500 (BNF, cabinet des Médailles), ainsi que Le tombeau de François II de Bretagne dans la cathédrale de Nantes.

Une commande de Jacques de Beaune

Le château de La Carte à Ballant-Miré a été édifié à partir de 1497 par Jacques de Beaune (vers 1455-1527). Issu d’une famille de marchands drapiers de Tours, dont il fût maire en 1498, il fit une belle carrière financière et administrative à la cour de France, jusqu’à sa disgrâce et son exécution en 1527. Selon les usages de son temps et de son milieu, Jacques de Beaune a mis en scène sa réussite financière et sociale dans ses hôtels et châteaux, dans les églises qui leur sont liées, et dans sa ville de Tours. Il a notamment commandé des tapisseries et des vitraux pour les églises Saint-Saturnin de Tours, de Ballan et de Semblançay. L’ensemble de Ballan-Miré et les deux verrières de La Carte sont particulièrement remarquables. Commanditaire très averti, intéressé par les artistes les plus novateurs, il a forcément été en relation directe avec Michel Colombe.
 
L’attribution à Michel Colombe
Paul Vitry sera le premier à proposer l’attribution de cette sculpture à Michel Colombe en 1901 et ce ne sera que grâce à l’exposition de 2010, que la Vierge et l’Enfant sera attribuée sans réserve par Geneviève Bresc-Bautier, conservatrice générale honoraire du département des Sculptures, sur la base de la comparaison avec les statues de vertus du tombeau de Nantes, notamment la figure de la Prudence.
 
 
La Vierge de la chapelle du château de La Carte à Ballant-Miré est particulièrement remarquable par l’impression de réalité qu’elle dégage. On peut noter l’originalité et la liberté des détails. Le visage ovale au grand front bombé, au front épilé très haut évoque immanquablement le visage de la Vierge de Fouquet, pourtant antérieur de plusieurs décennies. La Vierge porte un bandeau de tête qui lui dégage les oreilles, un voile qui se drape sous son cou et retombe en pointe dans le dos, dégageant le bas de sa chevelure ondulée. Elle porte une robe assez près du corps, très simple, aux manches étroites terminées par un revers conformément à la mode de ces années. Par-dessus est drapé un manteau qui dégage le buste pour former trois grands plis souples sur la cuisse droite. Cette composition réinterprète un schéma gothique, mais le rendu du froissement des tissus est très proche de ce que l’on trouve à Nantes. La Vierge a dégagé son sein gauche pour inviter son enfant à téter. Celui-ci, nu et potelé, sa bouche de nourrisson parfaitement rendue, la regarde avec un air étonné et fasciné.
 
 L’originalité et la vivacité de la représentation, l’intensité de la relation entre la mère et l’Enfant qu’elle allaite, la monumentalité et la dignité de la figure de la Vierge, la qualité des détails en font une œuvre unique et fascinante. C’est cette qualité, et son statut d’œuvre de référence de la première Renaissance, qu’a reconnu son classement au titre des Monuments historiques en 1976 pour éviter son exportation après deux tentatives infructueuses d’acquisition par le Louvre l’année précédente.
 
La Vierge et l’Enfant, œuvre d’un sculpteur aussi important que Michel Colombe, vient enrichir aux côtés du retable de Gaillon ainsi que des œuvres de Guillaume Regnault (neveu et continuateur de Michel Colombe), les collections du département des Sculptures du musée du Louvre, qui propose au public de découvrir l’histoire de la sculpture française de la fin de l’Antiquité au milieu du XIXe siècle.
 
 
 

 
 
 

 

Photos

Contacts presse

Coralie James
coralie.james@louvre.fr
Tél. + 33 (0)1 40 20 54 44
Portable : + 33 (0)6 74 72 20 75