Le musée du Louvre acquiert un plat en faïence d’Urbino et un pot à anse français du XVIIe siècle
Le grand plat illustre différents épisodes de la Parabole du Fils prodigue. Il est peint dans le style dit a compendiario (les figures sont esquissées, la palette chromatique est réduite aux tons bleus et bruns), qui est caractéristique de la mode du milieu et de la seconde moitié du XVIe siècle en Italie pour les faïences blanches. Le modèle graphique utilisé par le peintre de majolique est une eau-forte du peintre-graveur flamand Hans Bol (1534-1596). L'estampe n'étant pas datée, c'est la majolique (datée 1567) qui fournit un repère important pour la chronologie des œuvres de Hans Bol, témoignant de la rapidité de diffusion des modèles gravés. Jusqu'à présent attribué à Faenza, ce plat pourrait être un cas tout à fait unique et précoce d'istoriato a compendiario d'Urbino. Son acquisition vient combler une lacune dans la collection de majoliques du musée qui, en raison de l'histoire de ses collections, ne conserve pas de bianchi, le goût pour ces faïences blanches se faisant jour à la fin du XIXe siècle. Par ailleurs, il offre une scène peinte d'après une gravure flamande, source graphique qui se révèle être l'un des traits spécifiques des majoliques historiées de la seconde moitié du XVIe siècle, peu représenté dans la collection du musée.
Le pot à anse, modeste par ses dimensions, se révèle être un objet rare et passionnant, à la croisée de plusieurs traditions céramiques européennes du XVIIe siècle. Pour la première fois, l’identification de ce type de pot dans une série de natures mortes flamandes des années 1620 constitue une avancée capitale dans l'étude des céramiques françaises à décor moulé du XVIIe siècle. Sa forme, fréquente pour les grès rhénans du milieu du XVIe au milieu du XVIIe siècle est, en revanche, très inhabituelle dans le groupe des céramiques à pâte blanche françaises (il ne s'agit pas ici de faïence), ce qui questionne la clientèle à laquelle elle était destinée (production pour une clientèle étrangère, voire des anciens Pays-Bas?). A la suite de plusieurs travaux récents consacrés aux céramiques moulées autrefois attribuées à Bernard Palissy, cette catégorie d'objets — essentiellement constituée de vaisselle de table — est attribuée à Paris, ou la région parisienne, dans la première moitié du XVIIe siècle.
Etant donné la rareté de sa forme, sa présence dans la collection Andrew Fountaine et, surtout, son identification tout à fait inédite dans les arts visuels, l'acquisition de cet objet enrichit d'une pièce inédite l'importante collection de céramiques françaises modernes du département des Objets d'art.
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