Le musée du Louvre acquiert une statue romaine d’Harpocrate
La statue figure un jeune enfant debout, simplement revêtu d’une chlamyde, manteau attaché sur l’épaule droite, passant dans le dos en diagonale et devant le cou, et s’enroulant ensuite autour du bras gauche. Dans celui-ci il tient une corne d’abondance cannelée, remplie de fruits et de végétaux. Le contrapposto et la torsion du corps sont nettement marqués. La nervosité de la pose et du mouvement de la tête, qui introduit une tension dans cette œuvre statique, est à souligner.
La chevelure longue, tombant en mèches torsadées de part et d’autre du visage et sur la nuque, et nattée sur le sommet du crâne, respecte les canons iconographiques grecs de l’enfance, tels qu’ils furent utilisés notamment pour la représentation d’Eros. Il s’agit d’un trait caractéristique de l’iconographie gréco-romaine d’Harpocrate, qui abandonne le crâne rasé et la mèche de l’enfance typiques de l’imagerie égyptienne pour une coiffure moins exotique et plus à même d’évoquer, dans le monde classique, l’âge peu avancé du jeune dieu. La corne d’abondance tenue dans la main gauche est l’un de ses attributs les plus fréquents, en lien direct avec le culte de la triade formée par Isis, Sérapis et Harpocrate.
Le geste si caractéristique de l'iconographie gréco-romaine du jeune dieu, à savoir le bras replié, doigt porté devant la bouche, peut être reconstitué en tenant compte de l'arrachement d'un étai de marbre (puntello) sur le flanc droit. Cette figure à l'intégrité remarquable s'insère donc très bien dans l'iconographie d'Harpocrate.
Cette statue en « taille naturelle », de par ses proportions, constitue l’un des rares représentations d’Harpocrate conservées dans la grande plastique, le corpus des images du dieu étant constitué en majorité d’objets utilitaires de petite taille (lampes, vaisselle, reliefs, amulettes,...), de quelques reliefs votifs et de gemmes.
Cette œuvre représente de plus une valeur patrimoniale importante car la statue provient des collections d’antiques de la famille Barberini, où elle est attestée depuis le XVIIe siècle. Ainsi l’Harpocrate « Barberini » constitue un témoignage ancien du collectionnisme romain à l’époque moderne. Cela lui confère une affinité avec les collections d’antiques du département des Antiquités grecques, étrusques et romaines du Louvre, dont un bon nombre provient, par l’entremise des collections royales ou des acquisitions du XIXe siècle, de ces prestigieuses collections princières romaines (Albani, Borghèse, Mattei…).
La statue d’Harpocrate viendrait de par son iconographie, rare, sa provenance et du fait de son échelle, s’inscrire dans le programme scientifique des salles du département dédiées aux collections romaines, dont l'une des sections sera consacrée à la diversité religieuse de l'Empire romain.
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