Le musée du Louvre acquiert
deux panneaux de Matteo Giovannetti

20 décembre 2021

Le musée du Louvre annonce l’acquisition, pour le département des Peintures, de deux panneaux de Matteo Giovannetti, Sainte Catherine d’Alexandrie et Saint Antoine abbé.
Il s’agit de l’une des acquisitions les plus importantes de l’année 2021 pour le musée.
Ces deux panneaux peints sur bois et richement ornés d’or ont été exécutés vers 1345 par Matteo Giovannetti, le peintre le plus important au service des papes en Avignon après la disparition de Simone Martini. Les deux œuvres entrent dans les collections nationales par un achat de gré à gré.


Ces deux panneaux constituent des témoignages rares de la production de Matteo Giovannetti,  peintre ecclésiastique originaire de Viterbe qui a occupé les plus hautes fonctions en matière de création artistique au service des papes à Avignon et s’est imposé comme le principal exécutant des décors à fresque du Palais des Papes et de la chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon. Ses œuvres ont constitué un point de jonction très original entre la culture méridionale, celle de l’Italie de Giotto et de Simone Martini, et la culture septentrionale, s’imposant comme une source d’inspiration féconde pour les peintres français et nordiques de la fin du Moyen Âge et ouvrant en quelque sorte la voie du gothique international.

La Sainte Catherine et le Saint Antoine revêtent une importance historique particulière pour les collections nationales : ils comptent en effet parmi les plus anciens vestiges que l’on conserve de la peinture exécutée sur le sol français au XIVe siècle et constituent un précédent important au célèbre Portrait du roi Jean le Bon, qui ouvre le parcours de la peinture française au Louvre. 

Ces œuvres reflètent le talent, l’invention et l’originalité d’un artiste de renom, au langage artistique très personnel empreint d’un naturalisme et d’une franchise parfois surprenante : s’extrayant des codes iconographiques traditionnels, le peintre livre ici une image actualisée et empreinte de naturel des deux personnages, renvoyant aux sophistications de la cour avignonnaise dont certains textes se font l’écho (costumes, coiffures, etc.) et à l’intérêt nouveau pour l’art du portrait. Le visage du saint Antoine n’a rien de conventionnel et ses traits caractérisés en font presque un portrait déguisé.

A Avignon, sous l’impulsion de Simone Martini et de Matteo Giovannetti, s’écrit alors une page originale de la peinture occidentale où triomphe le naturalisme. Leurs réalisations, contemporaines des écrits de Pétrarque marquent un tournant important pour l’art occidental, par leur intérêt nouveau pour la nature, la peinture de paysages ou l’invention du portrait, ouvrant la voie aux grandes inventions de la Renaissance.

Hauts de 64 cm environ sur 19,8 cm, ces deux panneaux proviennent d’un luxueux triptyque peint à Avignon sans doute pour un riche commanditaire vénitien, dont cinq éléments, apparus en 1900 dans la vente de la collection léguée par le comte Cernazai au Séminaire archiépiscopal d’Udine, sont aujourd’hui connus, et dont le Louvre avait pu acquérir en 1996 l’Ange et la Vierge de l’Annonciation des pinacles intérieurs.

Le Saint Antoine abbé et la Sainte Catherine d’Alexandrie ont été déposés au Louvre entre 2015 et 2020 par leur propriétaire d’alors. Leur présentation désormais pérenne aux cotés des deux autres éléments de l’important triptyque de Matteo Giovannetti – « Le plus beau triptyque (...) peint pour Venise dans la première moitié du XIVe siècle » selon le mot de Roberto Longhi – permettra au public du musée de mieux saisir combien le milieu du XIVe siècle marque une période de renouveau pour la peinture.
 

UNE POLITIQUE D'ACQUISITION ACTIVE EN FAVEUR DES OEUVRES DES PRIMITIFS

Ces dernières années, le département des Peintures a mené une très active politique d'acquisition – souvent aidé par la Société des Amis du Louvre – en matière de primitifs qu'ils soient français, italiens ou espagnols. Ainsi, pas moins d’une dizaine de peintures des XIVe et XVe siècle, sont venues enrichir et compléter ses collections.

École italienne

- Giovanni di Tommasino Crivelli, Saint Jean Baptiste, deuxième moitié du XVe siècle, bois. En dépôt au Petit Palais d’Avignon. Don manuel de Mme et M. Sarti,  2016.

- Domenico Ghirlandaio, L’Apparition du Christ à la Vierge, vers 1490, fond d’or (technique mixte). Don de la Société des Amis du Louvre, 2019.

- Nicola di Ulisse da Siena, La Crucifixion, vers 1450, bois. Don manuel de Mme et M. Sarti en hommage à Michel Laclotte,  2021.

- Maître de l’Observance, Le Songe de saint Joseph, vers 1430-1440, bois. Don de la Société des Amis du Louvre, en mémoire de Michel Laclotte, grâce à la contribution de Michel David-Weill et avec l'aide de la galerie Sarti, 2021.

École française

- Maître de Dreux Budé (André d’Ypres ?), Le Baiser de Judas et l’Arrestation du Christ avec Dreux Budé et son fils Jean présenté par saint Christophe, vers 1450, bois. Achat en vente publique, 2015.

- Maître du Walters 281 (actif à Amiens vers 1420-1430), La Vierge à l’Enfant entouré de saints et d’un donateur, vers 1420-1430, bois. Achat par préemption en vente publique, 2018.

- Atelier de Bernardino Simondi et Josse Lieferinxe ou de Josse Lieferinxe, L’Assomption (avers), Saint Yves (revers), vers 1497-1508, bois. Don de la Société des Amis du Louvre, 2018.

École espagnole

- Gonçal Peris Sarrià, Pietà, vers 1420, bois. Don de la Société des Amis du Louvre, 2014.

- Peintre valencien (Juan Rexach ? documenté de 1431 à 1486), Sainte Face et Vierge en buste (dit Véronique de la Vierge), vers 1450 , pin sylvestre.  Achat par l’État, 2020.

École allemande

- Maître du Retable de saint Barthélémy (actif vers 1480-1510, notamment à Cologne, sans doute originaire des Pays-Bas du Nord, peut-être la région d'Utrecht), Anges musiciens, vers 1475-1525, huile sur bois. Achat par préemption en vente publique, 2017.

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