Les Choses

Une histoire de la nature morte

12 octobre 2022 - 23 janvier 2023
La nature morte retrouve enfin les honneurs d’une grande exposition parisienne, 70 ans après la dernière rétrospective à l’Orangerie en 1952.
Conçue par Laurence Bertrand Dorléac, cette exposition d’auteure propose une vision nouvelle de ce genre longtemps considéré comme mineur et dont l’intitulé français, né tardivement au XVIIe siècle, n’a jamais satisfait personne. L’expression « nature morte » rend mal compte d’un genre très vivant, qui est, au fond, un agencement de choses en un certain ordre assemblées par l’artiste.

Cette carte blanche réunit près de 170 œuvres, prêtées par plus de 70 institutions et collections privées parmi les plus prestigieuses. Dans une promenade en quinze séquences chronologiques et thématiques, les œuvres, représentant tous les médias (de la peinture à la vidéo, en passant par la sculpture, la photographie et le cinéma), dialoguent entre elles, au-delà du temps et de la géographie, jusqu'à l’époque contemporaine. Comme un prélude à l'exposition, l'œuvre monumentale de l’artiste camerounais Barthélémy Toguo, Le Pilier des migrants disparus, se déploie sous la Pyramide.

La représentation des choses, dont on retrouve des témoignages dès la Préhistoire, offre une formidable plongée dans l’histoire. Les artistes ont, en effet, été les premiers à prendre les choses au sérieux. Ils ont reconnu leur présence, les ont rendues vivantes et intéressantes en exaltant leur forme, leur signification, leur pouvoir, leur charme, ont saisi leur faculté à donner forme à nos peurs, à nos croyances, à nos doutes, à nos rêves, à nos désirs, à nos folies.


L’exposition entend rétablir un dialogue entre ce genre perçu comme suranné et le public : la nature morte est l’une des évocations artistiques puissantes de la vie sensible. Parce que les êtres humains vivent avec les choses et y sont attachés, parce que les choses occupent une place déterminante dans les vies et les imaginaires, la nature morte dit beaucoup de nous et a beaucoup à nous dire. Elle raconte notre relation avec les biens matériels, qui ne sont pas réductibles à leur matérialité mais qui sont chargés de signification.

La dernière grande manifestation autour de la nature morte, La nature morte de l’Antiquité au XXe siècle, fut organisée en 1952 à Paris par Charles Sterling, conservateur au Louvre. La présente exposition rend hommage à ce grand historien de l’art ; il ne s'agit pourtant pas d'un remake, mais de repartir de nos savoirs et de notre mentalité contemporaine. Le point de vue intègre tout ce qui a renouvelé les techniques de représentation et les perspectives, tant en histoire de l’art ancien et contemporain, qu’en littérature, poésie, philosophie, archéologie, anthropologie, science ou écologie.

Elargissant les frontières chronologiques et géographiques, l’exposition ouvre des fenêtres sur d’autres cultures qui ont représenté les choses en majesté, y compris quand elles n'étaient plus montrées pour elles-mêmes dans l'Occident chrétien – du VIe au XVIe siècle. Elle revisite le genre de la nature morte, dans la perspective de l’éternel dialogue entre les artistes du présent et ceux du passé, dans un renouvellement permanent du regard : des haches préhistoriques au readymade de Duchamp, en passant par les agencements étonnants d’Arcimboldo, de Clara Peeters, Louise Moillon, Zurbarán, Chardin, Anne Vallayer-Coster, Manet, De Chirico, Miró, Nan Goldin, Ron Mueck et bien d’autres.

La représentation des choses par les artistes s’imprègne d’une grande variété de pratiques et d’idées, de croyances et de sentiments, qui inspirent les mouvements de la société autant qu’elles ne s’en font l’écho. À l’intérieur d’un code reconnu voire rebattu, la simplicité des choses invite les artistes à des libertés formelles inouïes.

Le genre de la nature morte doit également être reconsidéré à la faveur de l’attachement contemporain aux choses ainsi qu’aux relations nouvelles qui s’établissent entre le vivant et le non-vivant. Cette exposition contient forcément les préoccupations d'aujourd'hui : les défis écologiques, les nouveaux droits des animaux et des choses (des forêts en particulier), tandis que certaines persistances, comme celle du thème de la Vanité, révèlent des vérités anthropologiques profondes.

La structure diachronique choisie pour le parcours de l’exposition a l’avantage de mettre en évidence les tournants dans l’histoire des représentations. Elle ménage aussi les rapprochements indispensables entre les œuvres d’époques différentes. Trois périodes sont particulièrement propices à l’abondance des choses représentées : l’Antiquité, les XVIe-XVIIe siècles et les XXe-XXIe siècles.

Commissaire de l’exposition : Laurence Bertrand Dorléac, historienne de l’art, avec la collaboration de Thibault Boulvain et Dimitri Salmon.



Avec le soutien exceptionnel du musée d'Orsay.

La Fondation Etrillard a apporté son soutien à l’exposition Les Choses et à son catalogue.

L’œuvre de Barthélémy Toguo est réalisée avec le soutien de HdM GALLERY Pékin/Londres/Paris.


 
 

Catalogue de l'exposition
sous la direction de Laurence Bertrand Dorléac. Coédition Liénart / musée du Louvre éditions, 39 euros.
Il s'agit d'un ouvrage exceptionnel par son format et son approche. Le volume unique est composé de deux parties : un catalogue classique avec un texte savant en vis-à-vis de chaque œuvre, et un chosier de 200 entrées qui fonctionne comme un dictionnaire.
Parce que le genre de la nature morte doit être considéré à nouveaux frais, en relation avec la variété des regards contemporains sur les choses, les entrées de ce chosier comptent des dessins inédits d'artistes et des essais savants et personnels d’historiens de l’art mais aussi de poètes, de romanciers, d’archéologues, d’historiens, de philosophes, d’anthropologues, de linguistes, de sociologues, d’économistes. On y retrouve les contributions de : Neil MacGregor, Maylis de Kerangal, Bruno Latour, Michelle Perrot, Guillaume Faroult, Marianne Alphant, Mathew Affron, Kate Konley, Donatien Grau, Roland Recht, Marielle Macé, Jérémie Koering, Margit Rowell, Victor Stoïchita. Les dessins de : Claire Tabouret, Villeglé, Zeina Abirached, El Bulli, Hélène Delprat, Alain Passard, ORLAN, Nu Barreto, Jean-Michel Othoniel, Philippe Apeloig ou Matali Crasset.


Album de l'exposition
Coédition Liénart / musée du Louvre éditions. 9 euros.

 

 

 

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