INVITÉ PAR LE LOUVRE, LUC TUYMANS RÉALISE UNE FRESQUE AU CŒUR DES COLLECTIONS DE PEINTURES DU MUSÉE DU LOUVRE
En mai 2024, le musée invite le peintre belge Luc Tuymans à réaliser une œuvre éphémère dans une rotonde située au cœur des collections de peintures françaises, à proximité des écoles flamandes. Ancienne demeure royale devenue musée, le Louvre est incrusté de décors, réalisés à tous les grands moments de son histoire par les plus grands artistes. L’intervention exceptionnelle de Luc Tuymans, tout à fait inédite pour la période contemporaine, marque le retour de l’acte de peindre dans et sur les murs du Louvre.
Artiste majeur de notre temps, Luc Tuymans (né en 1958 à Mortsel, en Belgique, et qui vit et travaille à Anvers) n’a cessé d’explorer la peinture, tout en s’inscrivant dans sa grande tradition. Il déclare « Je ne veux pas faire de l’art pour l’art mais une peinture d’Histoire, ou plutôt une peinture de mémoire et de trauma ». Son œuvre peint a été exposé dans les plus grands musées et collections privées dans le monde. Pour cette première importante réalisation dans un musée en France, il réalise in situ une fresque temporaire intitulée L’Orphelin.
Composée en quatre panneaux peints à fresque, cette œuvre assemble trois images représentant le nettoyage d’une palette de peintre, chargé de pigments. Comme à son habitude, Tuymans a choisi des images qu’il a conservées, parfois des années, dans ses archives. Images issues des médias ou glanées sur Internet ; photographiées à l’aide d’un smartphone ou d’un appareil à photographies instantanées, elles sont longuement travaillées, interprétées, puis soudain restituées à travers une exécution rapide, ici au Louvre, directement sur la paroi murale.
L’Orphelin témoigne aussi du rôle particulier du musée comme une école du regard, une inspiration pour les artistes par les artistes, un lieu de copie aux temps académiques et un territoire de création bien vivant aujourd’hui. Les panneaux représentant la palette en cours de nettoyage ou nettoyée, est rejointe par une quatrième image, celle d’une œuvre peinte en 1990 et perdue par l’artiste, intitulée The Orphan, qui donne son titre au cycle. Elle représente l’arrière d’une tête de poupée et sans attribut, une nuque offerte aux regards.
Au terme d’une année, en mai 2025, ce cycle de fresque sera couvert par la remise en peinture de la rotonde, et la salle rendue aux accrochages des collections du Louvre. Rappelons que, située au cœur des collections de peinture française du XVIIe siècle, à la jonction des ailes dites « Sully » et « Richelieu », dans la salle appelée « rotonde Valentin » du nom du maître Valentin de Boulogne dont elle a longtemps exposé les chefs-d’œuvre, cet espace, baigné d’ombre et de lumière, avait également exposé durant des années Les Quatre Saisons, célèbre cycle de Nicolas Poussin.
Le cycle réalisé par Tuymans, appelé à être recouvert, s’inscrit dans la continuité de cette réflexion sur le temps, sur les strates du temps, avec lesquelles il installe un autre rapport. Cette approche contemporaine et plus conceptuelle du décor mural plonge le regardeur dans une temporalité qui rappelle plutôt celle de l’accrochage, de l’exposition, de l’aliénable, de l’impermanent.
À hauteur de regard, comme pour les tableaux de chevalet, l’Orphelin propose aussi une autre expérience de la peinture, direct, frontal, éphémère.