LA NOUVELLE MUSÉOGRAPHIE DES TROIS PREMIÈRES SALLES DU DÉPARTEMENT DES ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES
Avec ces trois premières salles du département des Antiquités égyptiennes rénovées, c’est l’accueil du visiteur qui est repensé. Avec pour ambassadeur le grand monument de granit rose aux hiéroglyphes peints de bleu du Moyen-Empire : la stèle du vizir Senousret, dont les textes religieux et formules d'offrandes permettent d’appréhender la fonction magico religieuse de ces sculptures. Le visiteur découvre successivement le Chien d’Assiout, puis le dictionnaire des Dieux : le panthéon divin, qui depuis Hérodote fait la réputation de l’Égypte et enfin un tombeau de l’Ancien Empire. Ces œuvres, des cartes et une chronologie qui fixent le temps historique et l’espace immuable de la terre des pharaons.
LA STÈLE DE SENOUSRET
La stèle du vizir Senousret accueille le visiteur car elle est emblématique des œuvres de l’Egypte pharaonique. Monument fantastique de deux tonnes et demie, qui résiste au temps, elle permet ainsi de perpétuer le souvenir de son propriétaire.
Sept lignes de hiéroglyphes surmontent une scène figurant Senousret à deux reprises, de part et d’autre d’une table d’offrandes, avec les deux longues bretelles autour du cou comme insigne de sa fonction de premier personnage de l’État. On peut lire que la stèle fut érigée en l’an 8 d’Aménemhat II (12e dynastie, dans les années 1900 av. J. –C.). Plutôt que d’Abydos, la ville sainte d’Osiris, ce monument hors-norme proviendrait de Licht, le cimetière des rois de cette époque où, selon l’égyptologue américain John W. Hayes, le vizir Senousret aurait fait construire un grand mastaba de pierre à proximité de la pyramide d’Aménemhat Ier. Ce serait pour la chapelle de ce mastaba que la stèle du Louvre aurait été conçue, à la mesure d’un tel édifice.
ACTUALITÉ DU DÉPARTEMENT :
LA RESTAURATION DU CHIEN D’ASSIOUT
Après une longue restauration, la statue de chien connue sous le nom de Chien d’Assiout, que des concrétions salines menaçaient et dont elle est définitivement débarrassée, inaugure la nouvelle vitrine d’actualité des collections égyptiennes. Ce chien assis remonte à la fin de l’époque ptolémaïque ou au début de l’époque romaine (1er siècle av. J.-C. – 1er siècle apr. J.-C.). Il est réputé provenir des environs de la ville d’Assiout, plus précisément des abords de son cimetière d’animaux sacrés. Des chutes périodiques d’écailles et des efflorescences de sels avaient été constatées sur le monument. Une étude approfondie a été lancée en collaboration avec le C2RMF (Centre de conservation des musées de France) pour en déterminer les causes et y mettre un terme. Les résultats de ces investigations ont montré que la corrosion interne du système d’assemblage des fragments et la migration cyclique de sels très solubles présents dans la pierre étaient responsables des altérations constatées. Une longue série de bains successifs a permis d’extraire ces sels du calcaire constituant la statue neutralisant ainsi le mécanisme récurrent d’altération. Le Chien d’Assiout est désormais prêt à retrouver le regard des visiteurs dans cette actualité, puis il regagnera sa vitrine en salle 33, dont il a été si longtemps éloigné.
LE MASTABA D’AKHETHÉTEP
Après quatre années d’études et de reconstitution, le public du Louvre va pouvoir retrouver la célèbre chapelle funéraire d’Akhethétep, vieille de 4 000 ans, œuvre phare du département des Antiquités égyptiennes, admirable tant par la virtuosité de son décor sculpté que par le foisonnement et la vitalité de ses motifs : nature florissante, vie des champs, banquets, danses, processions d’offrandes...
Pensée à partir d’un important travail de recherches et des découvertes archéologiques à Saqqara qui ont révélé de précieuses informations. La nouvelle présentation de la chapelle permet aujourd’hui au public de comprendre ce qu’était une tombe monumentale sous l’Ancien Empire. Un dispositif vidéo in situ, notamment à partir de la captation 3D du monument, accompagne la médiation et permet d’être au plus près du décor, de le « lire» et rend ces scènes de travaux des champs, de pêche, de chasse, très vivantes.
HISTOIRE DE L’ACQUISITION DE LA CHAPELLE D’AKHETHÉTEP
Au tout début du 20e siècle, au moment même où la protection des antiquités égyptiennes se mettait en place, la nécropole de Saqqara était l'objet de pillages constants. Pour enrayer le phénomène et tenter d'assécher le marché, le service des Antiquités de l’Egypte décida de vendre lui-même des ensembles décorés complets. En 1903 fut ainsi proposé au musée du Louvre l'achat des reliefs de la chapelle d'Akhethétep qui entrèrent dans les collections nationales françaises et furent présentés au musée du Louvre dès 1905. Déplacée en 1934, la chapelle du mastaba est depuis lors au cœur du département des Antiquités égyptiennes.
QUI ÉTAIT AKHETHÉTEP ?
Sur le plateau désertique à l'Ouest du Caire, de Giza à Saqqara, l'une des nécropoles royales proches de la capitale, les mastabas témoignent de la réalité des tombeaux de l'Ancien Empire : alors que tout Égyptien souhaite pouvoir être enterré près de la pyramide de son roi, le privilège est exclusivement réservé aux membres de la famille royale et aux hauts personnages de l’État. En effet, au temps des pyramides, seuls les grands dignitaires avaient le privilège de se faire construire une tombe monumentale et de reposer au sein d’un « mastaba ». Akhethétep, haut personnage de l’Ancien Empire et proche du pharaon, était l’un d’entre eux. Akhethétep conserve cependant un certain mystère : on ignore sous quel pharaon de la Ve dynastie il vivait. En tout état de cause, ce fut aux alentours de 2400 avant J.-C., durant l’Ancien Empire égyptien. Les noms de ses parents comme celui de son épouse sont perdus, mais pas ceux de ses trois fils : Séankhouptah, l’aîné épousa une fille du roi, Rêkhouef et Akhethétep.
Le décor de la chapelle est exceptionnellement riche de détails et varié. Entre les murs de la chapelle du mastaba, le visiteur se trouve projeté comme par magie dans un univers vivant, un bruissement de vie rurale, proche des animaux et de la nature.
Sur le grand mur au revers de l’entrée est représentée « la vie dans les domaines d’Akhethétep ». Sur les côtés est reproduit le repas d’éternité du défunt. La paroi du fond est occupée par deux fausses portes, ou « passages magiques », assurant la communication entre le caveau souterrain et la chapelle, lieu où lors des fêtes, les vivants réalisaient l’offrande repas. Au sol, une grosse dalle de granite représente une table dressée pour l’éternité, prête à recevoir les offrandes. Les parois du vestibule portent des scènes de supervision des tissus de lin et de livraison de statues à son effigie, destinées au tombeau. Elles reflètent la position prestigieuse d’Akhethétep à la cour.
LES FOUILLES DE SAQQARA EN 1996
Dans les années 1990, le musée du Louvre engage des fouilles pour rechercher le mastaba auquel la chapelle appartenait et retrouver sa localisation perdue. En effet une grande partie du contexte historique de la chapelle était encore ignorée au moment de la mission archéologique du Louvre à Saqqara. Aucun nom de souverain n’est inscrit sur la chapelle et ne permet d’identifier sous quel règne Akhethétep avait vécu. L’objectif, en engageant la fouille archéologique à Saqqara, était par ailleurs de connaître l’architecture du monument funéraire d’Akhethétep : quelle était sa taille ? Son emplacement exact ? Quelle était la place de la chapelle au sein du monument ?
Le chantier de fouilles a permis en 1996 la redécouverte du mastaba, resté enfoui dans le sol, et des réponses à l’ensemble de ces questions. Les archéologues connaissent dorénavant le forme et la disposition originelle du mastaba d’Akhethétep, de dimension monumentale : trente-deux mètres de long sur seize de large et de plus de six mètres de hauteur. Ces découvertes ont été indispensables pour la restauration de la chapelle et la conception de la nouvelle muséographie au Louvre.
LE CHANTIER DE RESTAURATION
Au cours du premier trimestre 2019, le mastaba est démonté bloc par bloc – chacun d’eux étant ensuite nettoyé, restauré, photographié et numérisé. Une découverte émouvante a été faite lors du démontage : une feuille de papier où est était écrit un message des artisans qui avaient déplacé la chapelle en 1932 « Les ancêtres vous saluent. Adieu. ».
Ces travaux d’envergure ont également permis la mise aux normes d’un escalier de secours dans le Pavillon des Arts, avant le remontage du monument. Cette documentation de chaque bloc de pierre fourni d’extraordinaires ressources pour des découvertes à venir.
UNE NOUVELLE MUSÉOGRAPHIE
La nouvelle présentation de la chapelle d’Akhethétep vise à retranscrire l’avancée des découvertes archéologiques. Le mastaba est reconstitué au plus proche de ses dimensions initiales : les proportions de la chapelle ont été rectifiées : le monument est plus haut de deux mètres et ses reliefs ont été surélevés de 70 centimètres, restitué au public de manière plus fidèle et plus complète. De nombreuses solutions de médiation ont également été intégrées afin de rendre ce monument vivant, au plus proche de la réalité architecturale et des rites funéraires de l’Egypte antique. Un dispositif de vidéo in situ reconstitue enfin les décors du monument.
AKHETHÉTEP, HÉROS D'UNE WEB-SÉRIE
Le Louvre a lancé la réalisation d’une web-série qui explore toutes les questions que l’on se pose sur Akhethétep, sa chapelle, son mastaba et le contexte de leur découverte dans la nécropole de Saqqara. Sur un ton vivant, accompagnée d’animations et ponctuée d’interviews des conservateurs du département des Antiquités égyptiennes, d’archéologues, du scénographe du Louvre et du chef d’équipe des restaurateurs, la série se déroule en cinq épisodes de 3 à 4 minutes. Réalisation Sisso pour le musée du Louvre. Diffusion sur louvre.fr, le compte Facebook et YouTube du musée entre le 11 juillet et le 8 août.
TOUS MÉCÈNES, TOUS ARCHÉOLOGUES POUR RECONSTITUER LE MASTABA D’AKHETHÉTEP
Lancée le 11 octobre 2016, la 7e campagne d’appel au don Tous mécènes ! avait pour but de réunir 670 000 € pour reconstituer la chapelle funéraire d’Akhethétep. Grâce aux dons de plus de 3 300 donateurs individuels, l’objectif de collecte a été atteint. À ces dons du grand public sont venus s’ajouter le généreux soutien de la Société des Amis du Louvre qui poursuit ainsi son engagement aux campagnes Tous mécènes ! et la participation de plusieurs entreprises (PME et TPE).
Les Amis du Louvre, partenaire historique des campagnes Tous mécènes !
Avec plus de 60 000 membres, la Société des Amis du Louvre est l’un des tout premiers mécènes privés du musée. Elle regroupe tous les visiteurs fidèles qui par leur cotisation et leur dons participent à l’enrichissement des collections du Louvre. Depuis sa création en 1897, elle a fait entrer dans les collections nationales plus de 850 chefs-d’œuvre. En 2019, elle a été le premier mécène de l’Apollon Citharède.
Contact : Sébastien Fumaroli
sfumaroli@amis‐louvre.fr
Tel.+ 33 (0)1.40.20.85.55
www.amisdulouvre.fr
Tous mécènes !
Les campagnes Tous mécènes ! ont montré la forte adhésion du public et le souhait de chacun de participer, selon ses moyens, à l’embellissement des collections du Louvre.
Depuis 2010, ces campagnes sont devenues l'un des grands rendez-vous du musée et ont rassemblé plus de 27 000 donateurs au total.
En 2010, grâce à 7 200 donateurs, le musée du Louvre a réuni les 1 260 000 € manquants à l’acquisition du tableau Les Trois Grâces de Lucas Cranach.
En 2011, ce sont 500 000 € que 1 900 donateurs ont rassemblé pour restaurer et remonter deux éléments d’architecture cairote dans le cadre de l’ouverture du département des Arts de l’Islam.
En 2012, 4 500 donateurs ont permis de réunir les 800 000 € manquants pour l’achat de l’une des deux statuettes en ivoire qui vinrent compléter une Descente de croix médiévale déjà conservée au Louvre.
En 2013, 6 700 donateurs ont offert un million d’euros pour la restauration de l’une des icônes du musée, la Victoire de Samothrace et la rénovation de l’escalier monumental qui lui sert d’écrin.
La campagne de 2014 a permis à plus de 4 500 donateurs de réunir 800 000 € pour la Table de Breteuil dite la Table de Teschen.
En 2015, l’Amour essayant une de ses flèches de Jacques Saly (1717-1776) a pu rejoindre les collections du département des Sculptures grâce à plus de 4 300 donateurs qui ont rassemblé près de 680 000 euros.
En 2016, grâce à 3 700 donateurs, le musée du Louvre a réussi à réunir les 670 000 € nécessaires pour reconstituer le mastaba d’Akhethétep.
En 2017, grâce à la mobilisation d’un nombre record de 8 500 donateurs, près de 1,5 millions d’euros ont été réunis pour l’acquisition du Livre d’Heures de François Ier.
En 2018, grâce aux dons de 4 500 donateurs, le musée du Louvre a rassemblé plus d’un million d’euros pour la restauration de l’arc du Carrousel, monument emblématique de Paris et témoin des temps forts de l’histoire depuis deux siècles.
En 2019, la campagne pour l’acquisition d’un Apollon citharède d’une grande rareté a été couronnée de succès grâce à la générosité de plus de 6 600 donateurs, qui ont réuni la somme de 1 285 000 euros. Pour les 10 ans de « Tous mécènes ! », Nikos Aliagas avait accepté d’être le parrain de cette campagne.
En 2020, la campagne pour replanter la Grande Allée des Tuileries a mobilisé la générosité de plus de 4 500 donateurs pour rassembler 1 million d’euros.