Cette rénovation muséographique a consisté en la création de trois nouvelles vitrines pour la présentation des Diamants de la Couronne, permettant ainsi de les rassembler afin de disposer d’une vision complète et historique de la collection conservée par le musée.
La nécessité de repenser la présentation des Diamants de la Couronne est à l’origine de la rénovation muséographique entreprise dans la galerie d’Apollon. L’enrichissement régulier de la collection depuis les années 1990 avait conduit le musée à exposer les bijoux et pierres précieuses de la Couronne dans deux lieux distincts du département des Objets d’art : la galerie d’Apollon et la salle 550 du premier étage de l’aile Richelieu. Or, la galerie d’Apollon est l’emplacement historique de la première présentation de ce qui subsiste au Louvre de la collection des Diamants de la Couronne, fondée en 1532 par François Ier, transmise et enrichie de règne en règne malgré les vicissitudes de l’Histoire, mais malheureusement vendue presque entièrement par l’État en 1887.
Les vingt-trois bijoux aujourd’hui au Louvre sont désormais réunis dans un seul lieu, où ils sont individualisés en trois ensembles, correspondant aux trois nouvelles vitrines installées au centre de la galerie : les bijoux antérieurs à la Révolution, dont le Régent et le Sancy brièvement montés en 1722 sur la couronne personnelle du sacre de Louis XV ; les bijoux du Premier Empire, de la Restauration et de la monarchie de Juillet ; les bijoux du Second Empire avec les vestiges des grandes parures de l’impératrice Eugénie. Quelques écrins y sont également présentés.
Les grandes vitrines anciennes en bois doré, ainsi que les vitrines murales et celles en table des embrasures des fenêtres, continuent d’abriter, dans une présentation toutefois entièrement repensée, les collections de pierres dures de Louis XIV. S’y ajoutent quelques autres pierres dures réunies à des fins pédagogiques, et des éléments du surtout de Charles IV d’Espagne offert à Napoléon Ier, qui partage avec les gemmes de Louis XIV une origine royale et une infinie préciosité des matières.
Ces travaux furent aussi l’occasion d’un chantier important dédié à l’entretien de l’ensemble du décor de la Galerie d’Apollon, constitué de stucs et de peintures, datant du XVIIe siècle jusqu’à la Troisième République, afin de rendre son éclat à ce lieu exceptionnel. Le dépoussiérage spectaculaire des peintures et des décors de stucs s’est accompagné de celui des tapisseries qui scandent ses murs, chefs-d’oeuvre des Gobelins commandés pour la galerie par Duban et installés en 1852.
L’éclairage du décor et la sécurisation des vitrines ont été entièrement rénovés. Enfin, la galerie est désormais ouverte à la circulation dans les deux sens : depuis la rotonde d’Apollon ou le Salon Carré.
La galerie d’Apollon, rappel historique et muséographique
Galerie royale, décorée par les plus grands artistes français (Le Brun, Girardon, Lagrenée, Delacroix…), la galerie d’Apollon servit de modèle à la galerie des Glaces du château de Versailles. A l’origine galerie de réception conçue pour Louis XIV, elle abrite un décor exceptionnel et sert d’écrin pour les Diamants de la Couronne.
D’une longueur de 61,34m et d’une hauteur sous plafond de 15m (surface totale de 600m²), elle a été construite il y a plus de trois cent cinquante ans mais sa décoration s’est poursuivie sur plus de deux siècles.
Une galerie d'apparat qui célèbre le Roi‐Soleil
Témoignage de deux siècles de peinture et de sculpture, la galerie d’Apollon est un chef-d'oeuvre unique, représentant un ensemble de 105 oeuvres d’art (41 peintures, 36 groupes de sculptures soit 118 sculptures au total, 28 tapisseries) enchâssées dans la voûte et dans le décor des murs.
Voulue par Louis XIV comme galerie de réception, selon l’usage qui s’affirmait dans les palais et les maisons nobles, la galerie d’Apollon est reconstruite totalement après un incendie en 1661. Sous la direction de l’architecte Louis Le Vau et du peintre Charles Le Brun commence alors un très long travail qui se poursuivra sur deux siècles, jusqu’en 1851. Le Brun, premier peintre du roi, imagine une décoration peinte et sculptée sur le thème du soleil et de la course de l’astre dans l’espace (la terre et l’eau, les continents) et le temps (le zodiaque). Le mythe d’Apollon, dieu solaire, qu’évoque aussi le cortège des Muses, glorifie la personne de Louis XIV, le Roi-Soleil. L’ensemble offre une vision idyllique de l’univers sous le signe de l’harmonie dont Apollon est le garant.
Pendant près de 200 ans, depuis Le Brun jusqu’à Delacroix, des dizaines d'artistes français vont contribuer à la décoration de cet ensemble exceptionnel : Le Brun laisse trois grandes peintures de sa main ; les stucs, réalisés à partir de 1663 par le sculpteur Girardon, les frères Gaspard et Balthasar Marsy ainsi que Thomas Regnaudin, composent un ensemble d’une étonnante monumentalité et d’une grande vivacité.
Laissée inachevée sous Louis XIV, la galerie reçoit au XVIIIe siècle des toiles peintes par les académiciens et sera enfin complétée entre 1849 et 1851. L’architecte Félix Duban, dans le respect du projet initial, procède alors à une restauration complexe et demande à Eugène Delacroix de se charger du plafond central, laissé vide depuis Le Brun : ce sera l’éblouissante composition d’Apollon vainqueur du serpent Python.
Un écrin pour le trésor des rois de France
La galerie abrite, depuis 1861, la collection de vases en pierres dures de Louis XIV, complétée à partir de 1887 d’un trésor historique constitué au fil des siècles : les Diamants de la Couronne. Ces oeuvres, parmi les plus précieuses du musée du Louvre, sont présentées dans des vitrines conçues pour elles au XIXe siècle. L’histoire des Diamants de la Couronne est une véritable épopée pleine de rebondissements. OEuvres aux destins mouvementés, passées de mains en mains, ces joyaux ont été remontés au gré des souverains. Fondé par François Ier, enrichi sous Louis XIV, ce trésor alors inaliénable atteint son apogée sous Louis XV avec l’achat du Régent. Ce diamant, « de la grosseur d’une prune de la reine Claude » selon Saint-Simon, était le plus grand diamant blanc connu en Europe. Après la Révolution, ce trésor d’État sera reconstitué par Napoléon Ier.
Depuis la vente de 1887 au cours de laquelle l’État a vendu la quasi totalité des Diamants de la Couronne, à quelques exceptions remarquables comme le diamant Le Régent, le musée du Louvre acquiert, chaque fois qu’il le peut, pour le département des Objets d’art ces bijoux prestigieux.
INFORMATIONS PRATIQUES Horaires : de 9h à 18h, sauf le mardi. Nocturne mercredi et vendredi jusqu’à 21h45. Tarif d’entrée au musée : 15 €. Réservation d’un créneau horaire pour un accès en moins de 30min : 17 €. Achat en ligne : ticketlouvre.fr Renseignements, dont gratuité : louvre.fr |