Restauration des Femmes d'Alger d'Eugène Delacroix

11 janvier 2022
Après les Scènes des massacres de Scio en 2019, la campagne de restauration des grands formats d'Eugène Delacroix s'est poursuivie en 2021 avec les Femmes d'Alger dans leur appartement.

Peint par l'artiste au retour de son voyage en Afrique du Nord, le tableau a été acquis par l'État dès sa création en 1834. Après avoir été présenté au musée des artistes vivants (palais du Luxembourg), il est entré au musée du Louvre en 1874. Sa couche picturale est restée en bon état, sans usure et avec très peu de retouches. Mais son appréciation visuelle s’était dégradée depuis plusieurs décennies, en raison des nombreuses couches de vernis oxydés qui le recouvraient. Cet écran épais provoquait un jaunissement, un assombrissement et un aplanissement optique de la composition : les blancs, pourtant très variés, étaient ramenés à la même teinte ocre, l’opacité des vernis réduisait l’illusion de profondeur de l’espace, tandis qu’on distinguait avec peine les objets évoqués à l’arrière-plan (le meuble d’encoignure, les tissus roulés en boule, les variations du carrelage mural). Or une visibilité aussi altérée réduisait progressivement l’œuvre à son seul sujet ; on perdait de vue la virtuosité coloriste qui avait fait des Femmes d’Alger un modèle pour la génération des peintres impressionnistes et néo-impressionnistes. Fantin-Latour l’a copié, Renoir l’a imité, Paul Signac l’a érigé en leçon « d’application de la méthode scientifique » du contraste simultané des couleurs. 

La majeure partie des vernis altérés a donc été ôtée ; l'aspect de certaines gerçures de matière a été atténué. Un nouveau vernis naturel a achevé de rendre la saturation et le contraste des couleurs. L'œuvre peut aujourd'hui être appréciée en comprenant ces lignes du peintre Paul Signac : « « Dans les Femmes d’Alger, le peintre ne veut exprimer aucune passion, mais simplement la vie paisible et contemplative dans un intérieur somptueux : il n’y aura donc pas de dominante, pas de couleur clef. Toutes les teintes chaudes et gaies s’équilibreront avec leurs complémentaires froides et tendres en une symphonie décorative, d’où se dégage à merveille l’impression d’un harem calme et délicieux » (D’Eugène Delacroix au néo-impressionnisme, Paris, 1911). ».

La restauration des Femmes d'Alger dans leur appartement a été effectuée par BénédicteTrémolières et Luc Hurter dans l'atelier du Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) à Paris, d'avril à octobre 2021.

La campagne se poursuivra au premier semestre 2022 avec l’étude préalable à la restauration d'un autre chef-d'œuvre de Delacroix, la Mort de Sardanapale  — restauration qui sera réalisée grâce au mécénat de Mme Ealet.

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